Lille : Entre la sécurité et l’efficacité, le ramassage des poubelles connaît des tensions
SOCIAL•La collecte des déchets ménagers connaît quelques difficultés d’organisation dans la métropole lilloise…Gilles Durand
Un malaise est-il en train de s’installer chez les salariés d’? Depuis le début d’année, la société qui s’occupe de ramasser les déchets dans la métropole lilloise connaît des changements de fonctionnement et , dont les deux syndicats majoritaires, FO et la CGT, s’inquiètent.
Payé au tonnage récolté
a, en effet, défini des objectifs de performance dans le nouveau marché qui la lie à Esterra depuis 2014. « Des indicateurs permettent de mesurer la qualité et la conformité du service et la valorisation du gisement de déchets », précise-t-on à la Mel. La société n’est plus payée au passage de camions-bennes, mais au tonnage collecté. Avec des pénalités, si le type de collecte (papier, verre…) n’est pas respecté.
« Ce système de pénalité a mis une nouvelle pression sur les salariés car, en même temps, des moyens humains et matériels ont été réduits et de nouvelles consignes de sécurité ont été mises en place, souligne la CGT. Renforcer la sécurité est une très bonne chose, car les salariés prenaient beaucoup de risques pour finir au plus tôt, mais en contrepartie, les objectifs de collecte deviennent impossible à atteindre. »
Licenciements à la clé
Résultat, sur le terrain, de nombreuses tournées restaient inachevées. « Des moyens supplémentaires ont systématiquement été mis en place afin de finir la collecte des bacs », confirme la Mel qui précise que « la situation s’est considérablement améliorée aujourd’hui ». « Les tournées non finies sont principalement liées à des problèmes de pannes de véhicules de collecte », ajoute la collectivité territoriale.
Les syndicats ne sont pas de cet avis. « Si on suit les procédures, application des règles de sécurité et vérification de la conformité des poubelles, il est impossible de finir en temps et en heure », assure la CGT. Avec, à la clé, une multiplication des sanctions. Quatre salariés licenciés sont actuellement aux prud’hommes, selon la CGT. « Des équipes sont mises à pied car elles ne finissent pas leur tournée », confirme FO.
« L’effort correspond à un sportif de haut niveau »
Une situation d’autant plus tendue que , à en croire les syndicats. Depuis le début de l’année, plus de 70 personnes se trouvent en arrêt suite à un accident. « Nous sommes au-dessus des normes du BTP, déplore FO. Le travail est éprouvant. Il y a une dizaine d’années, l’effort des salariés avait été mesuré et il correspondait à celui d’un sportif de haut niveau. Quand on arrive à 50 ans, c’est difficile de tenir le rythme. »
Contactée, la direction d’Esterra nie tout problème de collecte. « C’est la gestion du quotidien due aux ajustements de tournée », explique-t-elle. Concernant l’accidentologie, elle assure que « le nombre d’accidents de travail a diminué » et confirme que l’entreprise a mis en place « une nouvelle politique de sécurité, mais qui ne révolutionne pas la façon de travailler au quotidien ».