JUSTICELa loi du silence au cœur du procès de jeunes caïds lillois présumés

Lille: La loi du silence au cœur du procès de jeunes caïds lillois présumés

JUSTICEOmerta ou témoignage bidon ? L’audience d’un procès d’assises sur le banditisme à Lille va devoir faire la part des choses…
Gilles Durand

Gilles Durand

Hors norme et à huis clos. , aux assises du Nord, à Douai, est assez inhabituel pour des gens aussi jeunes : braquage, violences aggravées ou encore séquestration. Ils avaient entre 17 et 19 ans au moment des faits. On leur reproche aussi d’avoir fait régner la terreur du côté du boulevard de Metz.

L’histoire. « A l’origine, il s’agissait de petits trafiquants de stups qui sont montés en puissance très vite. Ils sont devenus très, très méchants. Et un jour, ils se sont fait dérober environ 100.000 euros par des concurrents », raconte un policier. La suspicion a commencé à naître au sein même de la bande. « Leurs fournisseurs les ont mis à l’amende. Ils ont décidé de qui passait au pied de leur cité. Il y a eu des échanges de coups de feu avec les convoyeurs, ça aurait pu être un carnage », ajoute-t-il. Neuf individus ont fini par être .

L’enquête. Sur les sept mis en examen, l’un a bénéficié d’un non-lieu. Un autre a parlé pendant l’instruction. « C’est essentiellement sur ces accusations que repose la procédure, dénonce Julien Delarue, avocat d’un des prévenus. On sacralise la parole de ce témoin qui a un casier judiciaire aussi chargé que mon client. Et s’il avait raconté n’importe quoi pour s’en sortir ? » « Mon client a brisé et, aujourd’hui, il a peur », conteste Blandine Lejeune, avocate de cet accusé qui est aussi partie civile dans ce dossier. En effet, le jeune homme a décidé de ne pas se présenter à l’audience. « Quand il est arrivé à Douai, lundi, il a vu des bandes qui tournaient devant le palais de justice et a préféré rebrousser chemin », raconte l’avocate. Néanmoins, il existe des images de vidéosurveillance et des écoutes téléphoniques qui mettent aussi en cause les accusés.

Le procès. « J’ai peur qu’on stigmatise cette situation par rapport au quartier où elle s’est produite. La tentation est grande de faire de ce procès celui de Lille-Sud pour faire un exemple, sans apporter de preuves de la culpabilité de chacun des accusés », glisse Me Delarue. Un policier les décrit comme « sans pitié, violents et déterminés ». « Je n’ai jamais vu un procès entouré d’autant de violences. Les témoins sont terrorisés et ne se présentent pas à l’audience », s’inquiète Me Lejeune. La dimension sociale de ce procès ne fait pas de doutes. L’audience doit durer trois semaines.