JUSTICELes migrants d'un parc de Lille ne seront pas expulsés

Lille: Les migrants du parc des Olieux ne seront pas expulsés

JUSTICELe tribunal administratif a refusé la demande d’expulsion pour un groupe de migrants installés depuis un an et demi dans un parc de Lille…
Gilles Durand

G.D. avec AFP

Depuis début 2015, plusieurs dizaines de migrants, dont une majorité de mineurs, se sont installées dans un parc de Lille. Le tribunal administratif de Lille a débouté, jeudi, la Métropole de Lille (MEL) de.

Dans sa décision, consultée par l’AFP, le juge estime que la demande de la MEL, propriétaire du terrain occupé par plus de 130 migrants et qui agissait à la demande de la mairie de Lille, ne présente pas de caractère « d’utilité », ni « d’urgence ».

Une centaine de mineurs

Le jardin des Olieux, un parc de 8.000 m² situé dans le quartier populaire de Moulins, accueille aujourd’hui environ 130 personnes, originaires principalement d’Afrique subsaharienne (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal). Une centaine se déclarent mineurs. D’une dizaine de personnes au départ, ce campement sauvage n’a fait que croître.

A l’audience, la Métropole avait mis en avant des nuisances pour le voisinage et des problèmes de salubrité, dans un quartier populaire « que la MEL et la ville ont tenté de redynamiser ».

Précarité encore plus grande

Une expulsion du parc conduirait à une « précarité encore plus grande en les contraignant à l’errance et en les privant de tous les soutiens et services dont ils ont pu bénéficier jusqu’à présent », estime le juge dans son ordonnance. Il estime également que l’expulsion pourrait conduire à « l’apparition d’un nouveau camp à un autre endroit de la ville ».

Outre le rejet de la requête de la MEL, le tribunal administratif enjoint à la collectivité à « se rapprocher de l’Etat, du département du Nord et de la ville de Lille afin de rechercher et de mettre en œuvre, dès que possible et avant l’arrivée du froid, les mesures appropriées pour mettre fin à une situation contraire à la dignité de la personne humaine ».

« C’est une excellente nouvelle », s’est réjoui auprès de l’AFP l’avocate des 137 migrants, Me Emilie Dewaele, selon qui l’expulsion « aurait été le signe d’une déshumanisation encore plus forte ».

Mettre le paquet pour trouver des solutions

Consciente que la situation actuelle n’est pas souhaitable, elle exhorte les autorités « à mettre le paquet pour trouver des solutions de logement, notamment le département qui ne s’occupe toujours pas des nombreux mineurs isolés ».

A l’inverse, l’avocat de la MEL, Me Gautier Bertrand, s’est dit « surpris » de la décision sans préciser si la Métropole allait se pourvoir en cassation.