Lille: Grosse galère judiciaire pour les ex-espoirs du LMR
RUGBY•Depuis la liquidation du club en janvier, les jeunes joueurs n’ont pas été payés…François Launay
Ils croyaient jouer en Pro D2, ils se retrouvent au tribunal. Incapable de payer leur loyer depuis le dépôt de bilan du LMR en mars dernier, des espoirs du club se retrouvent aujourd’hui sous le coup d’une procédure judiciaire avec leurs propriétaires. La conséquence d’une histoire rocambolesque due aux problèmes financiers du club de rugby lillois.
L’histoire avait pourtant bien commencé
Pourtant, il y a un an, rien ne laissait présager une telle issue. Promu sur le terrain en Pro D2, le LMR n’a pas encore vu sa montée invalidée pour problèmes financiers. Du coup, le club recrute à tout va et décide de renforcer l’équipe première avec des jeunes pousses. Huit joueurs âgés de 19 à 22 ans débarquent au club en juillet 2015. Parmi eux, certains n’ont pas hésité à quitter Tarbes, Toulon ou encore Paris pour atteindre leur rêve de professionnalisme.
« On a tous signé un contrat au centre de formation, une convention qui nous permet de jouer en pro et aussi dans l’équipe espoirs. Mais tout cela était basé sur des défraiements. En gros, on touchait 500 euros pour pouvoir payer notre appartement et 600 euros pour vivre », explique Raphaël Cordier, ex-trois-quarts centre du club.
Des contrats caducs
Sauf que très vite, l’histoire tourne au vinaigre. Mi-août, le club apprend que sa montée en Pro D2 est invalidée. Et les contrats des jeunes deviennent caducs. « Les contrats centre de formation ne fonctionnent que si le club est en Pro D2 mais là, ce n’était plus le cas », poursuit l’ancien joueur. Si les dirigeants lillois assurent à leurs jeunes joueurs qu’ils continueront à être payés, en mars c’est la douche froide.
Liquidé judiciairement, le club ne peut plus honorer ses engagements. Si les joueurs confirmés peuvent recevoir des indemnités de licenciement et faire valoir leurs droits au chômage, les jeunes se retrouvent le bec dans l’eau. Car les jeunes n’ont signé aucun contrat et n’ont donc droit à rien.
Traînés en justice pour loyers impayés
Pour prouver leur bonne foi, ils font état de virements mensuels du club sur leurs comptes en banque pendant plusieurs mois. De quoi espérer une requalification en CDD voire en CDI. Mais rien ne bouge depuis la liquidation. Et la situation est devenue critique. « Vu qu’on ne touche plus rien depuis mars, on ne peut plus payer nos loyers. Du coup, les propriétaires de nos appartements nous attaquent en justice », raconte Raphaël Cordier.
Si certains ont pu se faire aider par leurs parents pour régler leurs ardoises, quatre joueurs risquent bien de passer devant le tribunal, faute de pouvoir payer. Pour l’instant, la situation est bloquée et les jeunes attendent un signe du mandataire judiciaire chargé du dossier pour mettre un terme au cauchemar.
« On a 21 ans, on était venu pour le rugby parce qu’on était payé et on se retrouve à devoir aller mendier auprès de nos parents parce qu’il y a eu une mauvaise gestion du club », se lamente l’ancien du LMR, parti poursuivre sa carrière à Strasbourg. La mort du club lillois est un beau gâchis sportif et humain…