SOCIETELes accros du tuning ne veulent plus passer pour des beaufs

Pas-de-Calais: Les accros du tuning ne veulent plus passer pour des beaufs

SOCIETEComme chaque année, le rassemblement de Harnes, dans le Pas-de-Calais, permet aux fanatiques de la personnalisation automobile de se retrouver…
Gilles Durand

G.D. avec AFP

Énorme aileron, jantes extra-larges et moteur de 300 chevaux : difficile de reconnaître sous ce bolide jaune et noir exposé au milieu de dizaines d’autres voitures modifiées une 205 Peugeot d’origine…

Bienvenue dans le monde du tuning, ce hobby qui consiste à transformer des voitures de série en remaniant leur aspect extérieur, intérieur, voire leur motorisation. Il compterait quelque 150.000 adeptes en France, attachés à en redorer l’image régulièrement moquée et méprisée.

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Ambiance bon enfant

Les trombes d’eau qui s’abattaient, le dimanche 29 mai sur Harnes, dans le Pas-de-Calais, n’ont en rien découragé ces amoureux de personnalisation automobile. Environ 150 véhicules atypiques aux carrosseries bigarrées sont ainsi présentés au public, essentiellement familial, qui s’extasie devant chaque pièce unique dans une ambiance bon enfant.

Travailleur dans une casse automobile à Nieppe, dans le Nord, Cyril, 35 ans, expose fièrement sa Renault Clio. Il explique avec minutie les transformations opérées. « En 2 mois et pour 4.000 euros, tout était finalisé ! Mais elle ne sort que pour les meetings », souligne ce féru d’automobiles depuis tout petit.

« Le tuning, c’est comme une famille »

« Le tuning, c’est comme une famille : un monde où on discute, de solidarité et où on s’échange pièces et bons plans », explique Walter Grenz, l’organisateur de ce 15e rassemblement annuel.

Ces meetings constituent un « support de socialisation important pour ces individus qui se retrouvent entre potes autour d’une même passion », confirme Stéphanie Maurice, journaliste et auteure de La Passion du tuning, livre sorti en 2015.

La Ford devenue Ferrari

Les adeptes de ce loisir « prisé des ouvriers » travaillent généralement dans la sphère automobile, rendant cette activité « abordable » (dès 300 euros) car « sans frais de main-d’œuvre », analyse cette spécialiste, se rappelant ainsi de « pièces d’exception » comme cette réplique quasi parfaite de 30.000 euros d’une Ferrari en partant d’une simple… Ford Cougar.

Mais tous souffrent toutefois de l’image négative accolée au tuning. Ils reprochent aux médias d’avoir galvaudé le terme, notamment la télévision à travers de multiples reportages ou émissions de téléréalité les dépeignant comme, disent-ils, des « beaufs », « RMIstes » et « imbéciles ».

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« Je connais certains qui sont passés dans des émissions, on leur demandait de jouer un rôle. Ils en faisaient des bêtes de foire ! », s’insurge Lucie, chauffeuse poids-lourd à Dunkerque, toilettant sa 206 coupé noire aux vitres teintées.

Mépris de classe

« Ils subissent tellement de mépris de classe, notamment de la part de journalistes qui voient cette activité avec dédain… », remarque encore Stéphanie Maurice.

« Nous n’avons rien à voir avec certains "kékés" qui ne font que du tape à l’œil, un maximum de bruit, utilisent du mastic n’importe comment et réalisent des courses sauvages », s’énerve Walter Grenz.

Homologation préfectorale

Selon lui, les « vrais tuneurs » bichonnent leur véhicule pour en faire une pièce d’exposition uniquement dévoilée lors des meetings. D’ailleurs, ils ne roulent jamais avec au quotidien et mettent un point d’honneur à respecter la réglementation : toute modification touchant à la sécurité du véhicule implique une homologation préfectorale, le contrevenant risquant sinon jusqu’à 750 euros d’amende.

Avec le temps, les goûts évoluent aussi. « Les 205 d’alors ont été troquées aujourd’hui pour des allemandes plus luxueuses et moins extravagantes, note Stéphanie Maurice. On remarque un embourgeoisement : en réalité, le tuning est un marqueur d’époque ! ».