VIDEO. Lille: Quand la police force l'entrée d'un local syndical
JUSTICE•Après la manifestation anti loi El-Khomri du 20 mars à Lille, la CNT et la police s'accusent mutuellement de violences...Olivier Aballain
Ce n’est toujours pas le grand amour entre la police et les manifestants anti loi travail. Une centaine de personnes sont venues soutenir deux militants de la CNT qui devaient comparaître, ce 22 avril, au tribunal correctionnel de Lille. Arrêtés après la manifestation du 20 avril, ils sont accusés de violences à l’encontre d’agents de police. Selon Libération, Le ministère public a requis leur placement en détention provisoire.
Ils ont été interpellés mercredi, quelque temps après la dispersion du cortège, à l’intérieur même du local lillois de la CNT, rue d’Arras. Dans une video postée sur le site du syndicat, on voit une vingtaine de policiers investir les lieux après avoir enfoncé la porte au bélier, pour sortir les suspects manu militari.
Le syndicat, qui dénonce vivement ces conditions d’arrestation, a reçu le soutien de plusieurs sections CGT et SUD. « C’est exactement ce que nous dénonçons dans le tract qui fait tant parler, explique ainsi Noureddine Aghanbou, de la CGT Lille. On a l’impression que la police veut casser le mouvement social ».
Junie, elle, est venue en simple citoyenne devant le tribunal, pour soutenir les deux prévenus. « Je veux réagir avant qu’on n’ose mettre le nez dehors, par peur de se faire gazer ou de prendre un coup ».
Des violences sur les policiers ?
Pendant le cortège du 20 avril, une vitrine du magasin Printemps de Lille avait été brisée, et une caméra de France 3 endommagée.
Une caméra de France 3 cassée pendant la manif
La préfecture indique que les deux hommes interpellés avaient été « formellement identifiés » en tant qu’auteurs de violences sur des policiers qui « tentaient de mettre fin » aux débordements violents. D’après une source policière, ils faisaient partie d’un groupe d’une trentaine de personnes qui auraient « pris à partie » 4 agents de la BAC (brigade anticriminalité), rue de l’Hôpital-Militaire.
Mais Jean-Pierre*, qui était dans le local syndical au moment de l’intervention policière a « plutôt eu l’impression que les policiers arrêtaient les suspects qui leur tombaient sous la main ». Selon la CNT, qui s’appuie sur des photos prises après l’intervention, les agents ont, en outre, saccagé le matériel et fouillé « sans donner aucune explication ».
« Une première en France »
Une chose est sûre, pour les membres de la CNT venus soutenir leurs camarades : « Qu’on s’en prenne comme ça à un local, c’est une première en France », estime notamment Julien, qui se dit conforté par le soutien venu de toute la France, de Pologne, « et même du Québec ».
La police nordiste est par ailleurs mise en cause pour des violences présumées sur un manifestant, lors de la journée de mobilisation du 31 mars. Une plainte a été déposée.
*Le prénom est changé