Dunkerque: «Cash investigation» tacle le terminal méthanier et ses travailleurs détachés
TELEVISION•Mardi, « Cash investigation » consacrera une partie de son enquête « Salariés à prix cassés » au chantier du terminal méthanier de Dunkerque LNG. Que va révéler l’émission de France 2 ?….Mikaël Libert
«Salariés à prix cassé : le grand scandale ». C’est le titre de l’émission de France 2, Cash investigation qui sera diffusée ce mardi à 20h55. Dans le premier acte de son enquête, la journaliste Elise Lucet s’attaque au travail détaché sur le pharaonique chantier du terminal méthanier de Dunkerque.
Après plus de quatre ans de travaux, le chantier du terminal méthanier de LNG Dunkerque, filiale du groupe EDF, touche à sa fin. Mais, depuis le premier coup de pioche, ce projet à un milliard d’euros alimente la polémique sur la problématique du travail détaché. En 2013, des élus Front national du littoral avaient critiqué la proportion d’ouvriers étrangers officiant sur le chantier. « C’est un chantier européen avec des appels d’offres européens, explique LNG Dunkerque. Ce chiffre de 59 % de travailleurs détachés n’a jamais été caché ».
Un procédé très encadré
Si, à l’époque, le FN avait essentiellement dénoncé la « non-préférence nationale », l’équipe de Cash investigation s’attaque aux dérives que le travail détaché peut impliquer. Il n’est pas illégal qu’une entreprise basée dans un pays de l’Union européenne envoie des salariés « pour une mission précise » dans un pays étranger. Mais dans ce cas, les règles sont claires : « L’employeur est soumis, pendant la durée du détachement de ses salariés en France, aux règles françaises en matière de rémunération, d’égalité professionnelle, de durée du travail, de conditions de travail ».
Et, dans la bande-annonce de l’enquête de France 2, on peut voir Elise Lucet, à peine débarquée sur le chantier, interroger des ouvriers polonais. L’un d’eux reconnaît travailler 45 heures par semaine à cinq euros de l’heure, soit 2,5 euros de moins que le tarif minimum en France. « C’est peut-être un raccourci du journaliste car le logement et la nourriture peuvent être déduits par l’employeur sur la fiche de paye », justifie-t-on chez LNG Dunkerque.
Une enquête en cours
L’équipe de Cash est venue tourner en septembre 2015, au même moment où une information judiciaire était ouverte par le parquet de Dunkerque pour « rémunérations et conditions de travail incompatibles avec la dignité humaine ». Et aussi « quelques mois après l’ouverture d’une enquête de l’Inspection du travail portant sur une vingtaine de salariés d’un sous-traitant italien », explique une source à LNG Dunkerque. L’instruction est toujours en cours selon cette même source qui précise que d’autres inspections ont eu lieu sans qu’il n’y ait jamais eu de suites.
« Il y a plus de 9000 ouvriers qui se sont succédé sur le chantier, poursuit LNG. Nous avons tous les documents nécessaires mais nous ne sommes pas à l’abri d’une fraude volontaire. Là-dessus, c’est à l’Inspection de se prononcer désormais ».