JUSTICETrois mois avec sursis requis pour exhibition sexuelle contre trois Femen

Procès des Femen à Lille: Trois mois avec sursis requis pour exhibition sexuelle

JUSTICETrois Femen étaient jugées ce mercredi matin, au tribunal de Lille pour s'être dévoilée devant la voiture de DSK. De l'exhibition sexuelle pour le parquet…
Gilles Durand

Gilles Durand

Elles retrouvent le tribunal de Lille, mais à l’intérieur. Deux jeunes filles, membres du groupe féministe des Femen, y comparaissent, ce mercredi matin, pour exhibition sexuelle. Mais elles étaient trois à être jugées pour avoir accueilli à moitié nues le 10 février 2015 Dominique Strauss-Kahn, lors de son procès concernant l'affaire dite du Carlton de Lille.

Une quarantaine de manifestants

Les trois Femen, Esther, Elvire et Lara, s’étaient jetées, seins nus et peints, sur la voiture de DSK, à son arrivée au tribunal. Interpellées par la police, elles avaient été aussitôt poursuivies par le ministère public pour avoir exhibé une partie de leur corps sur la voie publique.

Un délit que le mouvement féministe conteste. Une quarantaine de personnes se sont d’ailleurs donné rendez-vous devant le tribunal, avant le procès, pour manifester leur soutien aux deux prévenues, Esther et Elvire. La troisième, Lara, étant absente.

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« On refuse qu’une manifestation politique soit qualifiée d’exhibition sexuelle, un acte considéré pénalement comme une agression. C’est pervertir la loi », estime Elisabeth Nicoli, une des responsables de l’association « Alliance des femmes pour la démocratie ».

« Nous n’avons jamais milité nues »

Les débats de cette audience sont donc placés sous le signe de l’acte politique en faveur du droit des femmes. Petit short et couronne multicolore à la main, Esther et Elvire, s’expliquent à la barre. « Je montre ma poitrine pour revendiquer le fait que les femmes ne doivent pas être seulement soumises aux désirs des hommes », souligne Esther. Le contexte du procès de DSK, accusé de proxénétisme, était donc le théâtre adéquat pour une telle action.

« C’est humiliant de se retrouver là alors qu’on voit partout dans les médias les images de femmes nues. Nous n’avons jamais milité nues. Notre poitrine sert de message politique pour dénoncer la discrimination entre hommes et femmes », dénonce Elvire.

« Marianne, seins nus, ne choque personne »

Des arguments que le procureur, porteur de l’accusation, rejette. Dans son réquisitoire, il considère que « des millions de téléspectateurs dans le monde ont subi ces agissements choquants, accompagnés de slogans aussi violents pour les oreilles que pour les yeux ». Un motif qui vaut trois mois de prison avec sursis aux trois jeunes femmes pour le parquet.

« Ça ne choque personne que le symbole de la République, Marianne, soit représenté seins nus », rétorque Me Valentine Rebérioux, avocate des prévenues. Sa plaidoirie souligne qu’on est « loin des cas classiques d’exhibition sexuelle ». Elle demande la relaxe, tout comme son confrère Me Michael Ghnassia, lequel établit le parallèle avec « l’interdiction des Fleurs du mal de Baudelaire pour atteinte aux bonnes mœurs, à une autre époque ».

La décision du tribunal sera rendue le 23 mars.