Calais: Le camp de la «Jungle» sera-t-il à moitié démantelé ?
MIGRANTS•La préfecture du Pas-de-Calais a annoncé l'évacuation de la partie Sud de la Jungle pour ce mardi. Les associations comptent sur la justice pour annuler cette décision...Mikaël Libert
Le coup de la peau de chagrin. La préfecture du Pas-de-Calais a décidé de s’attaquer franchement au problème « jungle », à Calais. Le démantèlement progressif a commencé, mi-janvier, et devrait entrer, ce mardi, dans une nouvelle phase. Mais les associations qui viennent en aide aux migrants sur place ne l’entendent pas de cette oreille.
L’opération de démantèlement du camp de migrants de la Lande de Calais, appelé aussi la « Jungle », a commencé le 18 janvier par l’évacuation d’une bande de 100m de large qui longeait la rocade portuaire. Les 500 à 1000 personnes (selon différentes sources) qui y vivaient avaient été déplacées dans le calme vers d’autres parties du camp et vers le Centre d’accueil provisoire (CAP).
La moitié de la Jungle concernée
Le 19 février, la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait pris tout le monde de court en publiant un nouvel arrêté préfectoral ordonnant l’évacuation d’une zone de près de 12 hectares équivalant à la moitié du camp. « Il est fait commandement aux occupants sans droit ni titre de la ''Lande'' à Calais de quitter et libérer de toutes personnes et de tous biens l’emprise située dans la zone dite ''Sud'' ».
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Les arguments développés par la préfecture évoquent, notamment, « les fréquentes dégradations » subies par les riverains, l'« aggravation des tensions entre migrants et population calaisienne » ou encore la difficulté à sécuriser le site. L’arrêté préfectoral précise aussi que le CAP et la zone « tampon » peuvent absorber le nombre de migrants concernés, estimé à 800 à 1000 personnes.
Bataille de chiffres
Mais c’est justement sur ces chiffres que les associations ne sont pas d’accord. L’Auberge des migrants avance le chiffre de 3450 migrants présents dans la zone Sud de la Jungle. Une population qui, si le nombre se révélait exact, ne pourrait en aucun cas être relogée dans les structures mises à disposition sur place.
Dès le 18 février, ces mêmes associations avaient demandé au ministre de l’Intérieur de surseoir à l’évacuation de la zone Sud. En vain, Bernard Cazeneuve, campant sur les chiffres fournis par la préfecture, appuyait son refus en mettant en avant les solutions d’hébergement disponibles à Calais et ailleurs en France.
Un référé devant le tribunal administratif
En dernier recours, les associations ont déposé un référé devant le tribunal administratif de Lille pour annuler la décision de la préfecture. L’audience aura lieu, mardi. Le tribunal devra d’abord statuer sur la recevabilité de la demande (son caractère d’urgence), puis sur les risques de voir cette demande aboutir sur le fond.