Lille: L'enseignant détracteur du lycée musulman Averroès condamné pour diffamation et injure
JUSTICE•La décision est tombée, vendredi matin, au tribunal de police…M.L. avec AFP
Il avait adressé un courriel à plusieurs de ses collègues en traitant la direction du lycée de « nid de vipères hypocrites », en février. Vendredi matin, Soufiane Zitouni, professeur de philosophie au lycée musulman Averroès de Lille, a été condamné pour diffamation non-publique et injure non-publique.
« Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès »
L’affaire a débuté lorsque cet enseignant a démissionné du lycée lillois à cause d’un désaccord dans la manière d’enseigner. La direction avait lancé une procédure judiciaire par citation directe, lui reprochant les propos tenus dans son courriel une semaine après sa démission.
Il avait, par ailleurs, critiqué l’établissement, notamment par le biais d’une tribune publiée dans le quotidien Libération, en février 2015. Dans cette tribune, intitulée « Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès », l’enseignant de philosophie accusait les responsables du lycée privé Averroès (sous contrat avec l’Etat) de diffuser « de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, la direction du lycée n’a jamais attaqué ces propos en justice pour diffamation.
Condamné à 21 euros d’amende
Vendredi, le tribunal a donné raison au lycée, estimant que Soufiane Zitouni n’avait pas apporté « d’éléments et de preuves de nature à justifier ses critiques » dans son courriel. L’enseignant a donc été condamné à verser 10 euros pour diffamation non publique et 10 euros pour injure publique, un euro symbolique de dommages et intérêts et à 500 euros pour les frais de procès.
« Un homme ne peut pas calomnier plus de 600 personnes sans apporter la preuve de ce qu’il avance, alors qu’il y a un rapport de l’Education nationale qui vient de démentir point par point tout ce qu’il a avancé », a réagi auprès de l’AFP l’avocat de l’association gérant le lycée, Me Hakim Chergui, se félicitant de la décision.
« Complètement injuste »
De son côté, le professeur a déclaré à la presse trouver « complètement injuste qu’on (le) juge coupable pour avoir dénoncé des choses graves ». « Je vais faire appel, prendre un avocat et il y aura un vrai procès avec des preuves tangibles ».
Retrouvez ici le déroulé de l’audience
Il y a une semaine, il avait confié à l’AFP avoir retrouvé un poste à la rentrée dans un lycée catholique sous contrat avec l’Etat à Valenciennes (Nord), grâce à l’intervention de la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem.