ENVIRONNEMENTDunkerque: L'implantation d'un 16e site Seveso fait débat

Dunkerque: L'implantation d'un 16e site Seveso fait débat

ENVIRONNEMENTBaptisé Horn, le projet de site de stockage de produits dangereux ne réjouit pas tout le monde...
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Horn va-t-il passer le cap du projet? Porté par le groupe de travaux publics Eiffage, le projet d'une zone de stockage de produits dangereux classée Seveso seuil haut dans le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD) fait bondir les écologistes.

Dans le cadre du projet stratégique du 2014-2018 du GPMD, Eiffage veut construire une plateforme logistique multimodale, baptisée Horn Logistic Services (HLS), intégrant des entrepôts destinés à stocker des «matières dangereuses». Le site de 75 hectares sera situé dans la DLI Sud, sur la commune de Loon-Plage. Si les travaux n'ont pas encore débuté, HLS assure pourtant qu'une partie de ses services seront disponibles dès 2017.

Produits dangereux

Sur le bien fondé du projet, les élus Verts s'interrogent: «L'agglomération dunkerquoise a-t-elle vocation à accueillir une nouvelle décharge et recevoir ainsi les déchets de la région et plus encore?», s'emporte Paulo-Serge Lopes, porte-parole d'EELV Flandre Maritime. Partisan de l'aboutissement de Horn, Claude Nicolet, conseiller régional (MRC), rétorque: «En aucun cas il s'agit de stocker [...] des déchets industriels. Mais des matières dites dangereuses».

Patrice Vergriete, président de la communauté urbaine de Dunkerque, se veut pragmatique: «Les entreprises locales ont un besoin en matière de stockage de matières dangereuses. Mais pour que ce projet voir le jour, je veux des garanties sur l'emploi et la prévention des risques».

Dans sa configuration maximale, HLS permettra de stocker 32.000 m3 de liquides inflammables, d'acide ou de liquides dangereux pour l'environnement et 828 conteneurs de classe MD (produits inflammables, toxiques, ou faiblement explosifs).

Sur cette 16e implantation d'un site classé Seveso dans le Dunkerquois, l'Autorité environnementale (Ae) s'inquiète d'éventuelles pollutions et a demandé, début 2015, que soient décrites «les mesures prises pour éviter le risque accidentel de pollution des eaux superficielles et souterraines par les matières dangereuses stockées dans la zone DLI Sud».

L'argument de l'emploi

Pour faire passer la pilule, Eiffage promet de créer, à terme (vers 2022), 450 emplois pour assurer le fonctionnement du site. «Le précédent que créera le terminal méthanier, quand il sera exploitable, incite à faire montre de beaucoup de défiance en la matière», écrit sur son blog Jean Sename de l'Assemblée de défense de l’environnement du littoral Flandre-Artois.

Son point de vue est aussi partagé par EELV. Mais, pour Claude Nicolet, «la désindustrialisation du pays est un véritable drame et tout doit être mis en œuvre pour y remédier». L'élu MRC rappelle aussi «les centaines d'emplois indirects que cela va créer».