JUSTICEAffaire Carlton: Les réactions des parties civiles

Affaire Carlton: «On voit bien que la justice ne peut pas grand-chose contre la traite des êtres humains»

JUSTICEDu coté des ex-prostituées de l’affaire de proxénétisme, les relaxes sont accueillies sans colère. Seul le président du Mouvement Le Nid a montré son amertume…
Olivier Aballain

Olivier Aballain

Pas de colère. Les avocats des ex-prostituées, tout comme les associations qui les défendent, ont reçu avec une certaine philosophie la relaxe de 12 des 13 personnes renvoyées pour proxénétisme aggravé dans l’affaire dite du Carlton de Lille.

« Lors des trois semaines d’audience en février, mes clientes ont le sentiment d’avoir été entendues, d’avoir pu expliquer quelles étaient leur vie et leurs difficultés, et c’était important pour elles, a indiqué Me Gilles Maton, avocat de deux ex-prostituées. Maintenant nous allons devoir leur expliquer, en droit, pourquoi il n’y a pas de condamnation, sur la base des motivations détaillées, que le tribunal a pris la peine de nous livrer. »

« La Justice hésite moins à condamner quand on touche au portefeuille… »

Le président du Mouvement Le Nid, qui avait livré un témoignage poignant en février, reste néanmoins amer sur le fait que certains prévenus soient relaxés des faits de proxénétisme, mais condamnés pour l’abus de biens sociaux qui a permis de payer les prostituées.

« On voit bien que la justice ne peut pas grand-chose contre la traite des êtres humains, mais hésite moins à condamner quand on touche au portefeuille ». Pour lui, la loi pénalisant les clients des prostituées est plus que jamais « urgente ». Les députés ont justement rétabli ce vendredi cette proposition de loi censurée en mars par le Sénat.

En revanche Me David Lépidi, avocat d’Équipes d’action contre le proxénétisme, a salué le travail de la justice. « Les relaxes sont simplement la démonstration que le système judiciaire fonctionne bien, malgré la pression médiatique très forte qui a pu entourer ce dossier ».