Nord: Le préfet prend un arrêté interdisant l'activité d'Uberpop
TRANSPORTS•L’arrêté souligne notamment des « manquements graves » de la part des adhérents…Mikaël Libert
Victoire pour les taxis. Le préfet du Nord, Jean-François Cordet, a pris un arrêté d'une durée de quatre mois interdisant « l’activité de transports de personnes à titre onéreux de type Uberpop ».
Uberpop, c’est une application mobile qui permet à n’importe qui de jouer au taxi avec sa voiture particulière. Une sorte de covoiturage payant. Depuis la sortie de cette « fameuse » application, les chauffeurs de taxi n’avaient de cesse de crier à la concurrence déloyale. Le préfet vient de leur faire gagner la bataille.
« Manquements graves »
L’arrêté précise que de nombreux contrôles de police ont « mis en évidence des manquements graves de la part des adhérents à ce dispositif générant, de fait, une situation de concurrence déloyale » vis-à-vis des taxis et des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). Pour Alexandre Molla, directeur chargé de l’expansion de Uber en France, « il s’agit de chauffeurs occasionnels, on ne peut en aucun cas généraliser à tous les adhérents Uberpop ».
Pour Hassan Kaddouri, du syndicat des taxis artisans du Nord, « c’est un juste retour des choses dans la légalité ». Ce chauffeur lillois est ravi que l’Etat, par le biais du préfet, reconnaisse implicitement que les chauffeurs d’Uberpop étaient des « travailleurs au noir » : « la plupart ne payent pas de charges sociales et ne sont même pas assurer pour transporter des personnes », déclare-t-il. « Cet arrêté sort juste après une manifestation des taxis et il reprend mot pour mot leur argumentaire, glisse Alexandre Molla. Pourtant, ces mêmes arguments avaient déjà été réfutés par le tribunal administratif de Lille fin avril ».
« Travail dissimulé »
D’ailleurs, dans un communiqué publié, le préfet souligne que, lors des contrôles de police pratiqués dans l’agglomération lilloise, aucun chauffeur d’Uberpop n’a « pu fournir de justificatifs concernant les conditions réglementaires préalables » et qu’ils se trouvaient « donc en situation de travail dissimulé ». Touché mais pas coulé, Uber examine actuellement à la loupe l’arrêté de la préfecture du Nord et compte bien déposer, prochainement, un recours.