SANTÉLes particules fines ne sont pas vos amies

Lille: Pourquoi les particules fines sont-elles mauvaises pour la santé?

SANTÉDepuis quelques jours, la métropole lilloise est de nouveau victime d'un épisode de pollution atmosphérique aux particules en suspension...
Mikaël Libert

Mikaël Libert

C'est un fait qui tend, hélas, à se banaliser. Vendredi, le préfet du Nord a pris un arrêté obligeant les automobilistes à réduire leur vitesse de 20km/h en réaction à l'épisode de pollution atmosphérique qui perdure depuis jeudi. Anne Tsicopoulos, directeur de recherche à l'INSERM, a expliqué à 20 Minutes en quoi les «particules fines» sont mauvaises pour la santé.

Pourquoi sont-elles dangereuses?

Les particules fines viennent de la combustion du carburant dans les moteurs diesel. «Elles sont très fines, de l'ordre de 100 nanomètres, et ne sont pas entièrement bloquées par les filtres des véhicules», explique la scientifique. Plus ces particules sont fines, plus elles pénètrent profondément dans le poumon, jusqu'aux alvéoles. Les particules plus grosses, elles, sont arrêtées par la trachée ou les bronches. «La particule en elle-même n'est pas spécialement nocive. Cependant, elle véhicule dans l'organisme les composants qui s'accrochent à elle, comme la pollution atmosphérique ou des hydrocarbures», détaille le chercheur.

Quels sont les risques?

L'appareil respiratoire est le premier à trinquer. Les particules les plus fines (PM 2,5) ont été reconnues responsables du cancer du poumon par l'OMS en 2012. Mais, avant d'en arriver là, «on sait qu'elles exacerbent aussi l'asthme chez les personnes qui souffrent déjà de cette maladie», souligne Anne Tsicopoulos. Les scientifiques avancent l'hypothèse que les particules fines «augmentent les réactions chez les personnes allergiques». Pire, ils s'interrogent aussi sur le fait qu'elles pourraient déclencher des allergies et de l'asthme chez les personnes qui n'en souffraient pas auparavant.

Les particules les plus fines peuvent, par ailleurs, déclencher ou accentuer des pathologies cardio-vasculaires. «On en retrouve qui se sont déposées sur les parois des vaisseaux, dans le cœur... forcément, ça déclenche des problèmes», déplore la scientifique.

Qui est concerné?

Les premières victimes sont les personnes déjà fragilisées par des pathologies respiratoires ou cardio-vasculaires. Les enfants et les personnes âgées sont aussi particulièrement concernés. Cependant, il ne faut pas oublier que l'exposition prolongée à ce type de pollution est aussi néfaste pour les personnes en bonne santé. «Au minimum, n'importe qui peut être sujet à une irritation des voies respiratoires, voire à une gêne respiratoire, souligne le chercheur. Et particulièrement les sportifs s'ils s'amusent à courir un marathon pendant un épisode de pollution». La scientifique relativise néanmoins: «il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte, notamment la variation de la sensibilité selon les individualités.»

Anne Tsicopoulos confirme que le nombre de consultations en pneumologie augmente significativement lors des épisodes de pollution. C'est d'ailleurs l'un des critères utilisés pour fixer les seuils d'alerte. Pour contrer le problème? «La circulation alternée ou la baisse de la vitesse sont de bonnes mesures», concède le chercheur. A défaut d'interdire le diesel.