POLÉMIQUELille: La fronde des tatoueurs contre le «Tattoo Festival»

Lille: La fronde des tatoueurs contre le «Tattoo Festival»

POLÉMIQUEPour la première fois, la ville va accueillir une convention de tatoueurs, au mois d'avril, dans le tout nouvel espace culturel municipal, le Grand Sud...
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Ils sont piqués au vif, les tatoueurs lillois. En avril, le collectif Art point M va organiser la toute première convention de tatoueurs lilloise, le «Lille Tattoo festival». Mais, depuis début février, la polémique enfle chez les professionnels locaux. Ils reprochent à l'instigatrice de l'événement, Fanny Bouyagui, d'avoir monté son festival dans son coin.

Ils ne sont pas descendus manifester dans la rue, les tatoueurs lillois. Ils ont préféré parler de ça entre eux, sur les réseaux sociaux. Tout est parti d'un post en date du 11 février sur la page Facebook de Mors, un artiste basé à Lille. Il y explique pourquoi il ne participera pas au Lille Tattoo festival. Pour résumer, il pointe du doigt l'organisatrice, Fanny Bouyagui, lui rappelant «qu'on ne s'improvise pas organisatrice de convention». Mors déplore aussi que les professionnels locaux n'aient pas été contactés.

Ils dénoncent «la manière»

S'agit-il du point de vue d'une personne isolée? Pas vraiment. 20 Minutes a contacté plusieurs tatoueurs et tous ont été unanimes pour dénoncer «la manière» dont Art Point M a organisé l'événement. Sous couvert de l'anonymat, certains ont accepté de témoigner. «Dans toutes les conventions, les organisateurs contactent les artistes du coin avant d'aller les chercher ailleurs, explique-t-on dans cette boutique du Vieux-Lille. Là, ça a été fait dans le dos de tout le monde». Dans un autre shop, une jeune fille précise: «Normalement, les artistes sont invités aux conventions, comme je le suis à celle d'Arras. Là, il faut s'inscrire sur leur site, c'est pas comme ça que ça marche.»

Ce qui coince aussi, c'est que Fanny Bouyagui n'est, elle-même, pas tatoueuse. «C'est rare que ce genre d'événement soit organisé par des gens qui ne sont pas des professionnels, glisse-t-on, dans une autre boutique». «Peut-être qu'Art Point M veut se valoriser en tant qu'agence artistique, avance un autre tatoueur. Mais c'est mal venu dans le milieu du tatouage».

Le «boycott» semble fonctionner puisqu’aucun Lillois n'est, à l'heure actuelle, mentionné dans la liste des invités publiée sur la page Facebook du Lille Tattoo festival. Au menu, des parisiens, un Manceau, un Bruxellois, un Berlinois et d'autres encore, dont les locaux ne remettent d'ailleurs pas en question les qualités. «Laissez le tatouage aux tatoueurs, ou du moins laissez le tranquille», écrivait Mors en conclusion de son post.

Après avoir tenté en vain, lundi et mardi, de joindre l'équipe de Art Point M, nous avons été contacté par leurs soins, mercredi. Les organisateurs veulent tout d'abord préciser qu'il ne s'agit pas d'une convention de tatouage, mais bel et bien d'un festival. Ensuite, Art Point M nous assure que plusieurs tatoueurs lillois (dont les noms ne nous ont pas été fournis) avaient accepté de participer à l'événement avant de «soudainement se désister», ayant subi «des pressions».