Lille: Un enseignant d'un lycée musulman poursuivi pour diffamation non publique
SOCIETE•Après avoir accusé un lycée musulman lillois de diffuser des idées salafistes, un professuer de philosophie doit comparaître le 3 avril devant le tribunal pour diffamation...G.D. avec AFP
Le lycée privé musulman sous contrat Averroès, à Lille, a lancé une procédure judiciaire par citation directe pour diffamation et injure non publiques contre un enseignant démissionnaire, a appris l'AFP, samedi, auprès de son avocat. Ce professeur de philosophie avait accusé l'établissement scolaire qui abrite 350 élèves de diffuser des idées islamistes dans une tribune dans Libération intitulée «Pourquoi j'ai démissionné du lycée Averroès», publiée le 6 février.
Comparution le 3 avril
Il doit recevoir, lundi, par huissier une citation à comparaître le 3 avril devant le tribunal de police de Lille, chargé de juger les contraventions, a annoncé Me Hakim Chergui, du barreau de Paris.
La citation directe a été rédigée sur la base des propos tenus par Soufiane Zitouni, professeur de philosophie, dans un courriel adressé à plusieurs collègues, a précisé l'avocat. «Il a traité le lycée de nid de vipères hypocrites, affirmé qu'il y a de l'antisémitisme toléré et dit que les cours servent à diffuser l'idéologie salafiste», a indiqué Me Chergui.
« Des ponts entre la philosophie et la religion »
L'utilisation de la citation directe permet «d'avoir une décision de justice la plus rapide possible», selon l'avocat. «Si on passe en correctionnelle, il n'y aura pas de procès avant un an, la calomnie aura fait son effet et les plaies ne pourront pas se cicatriser», a-t-il assuré.
L'établissement a par ailleurs décidé de demander à l'Education nationale de «retirer du fichier des enseignants» Soufiane Zitouni, a déclaré son directeur, El Hassan Oufker. «Il a commis énormément de fautes graves professionnelles, a-t-il affirmé. J'ai découvert qu'il faisait régulièrement des ponts entre les cours de philosophie et la religion, ce qui est interdit».
«Double jeu»
L'enseignant avait notamment accusé les responsables du lycée, premier établissement privé musulman sous contrat avec l'Etat, de jouer «double jeu», en montrant d'un côté «patte blanche dans les médias» et de l'autre en diffusant «de manière sournoise et pernicieuse une conception de l'islam qui n'est autre que l'islamisme».