Lille: Quand une occupation illégale révèle un projet immobilier
LOGEMENT•Depuis quatre semaines, un groupe d'individus s'est installé dans un immeuble vide appartenant à L'Institut Pasteur de Lille pour dénoncer les logements vacants dans la métropole...Gilles Durand
Déployée depuis lundi, la banderole est explicite: «Vide depuis trop longtemps, occupée maintenant». Un immeuble, situé à l'entrée du boulevard Louis-XIV, à Lille, fait l'objet, depuis quatre semaines, d'une occupation illégale. «Des personnes s'y sont installées un peu avant Noël. Nous avons lancé une procédure pour les expulser car le lieu est insalubre», explique Jacques Richir, président de l'Institut Pasteur et adjoint à la mairie de Lille.
Plus de 6.000 logements vides à Lille
Au pied de l'immeuble, une sonnette a été installée au nom de «Tu bouges». Sollicités, les squatters n'ont pas souhaité s'exprimer. «Notre banderole dit tout», explique l'un d'eux, perché à la fenêtre. Combien sont-ils? «On est nombreux», répond le même, en souriant. Qui les soutient? «Sans commentaire». Leur objectif, en revanche, est clair: sensibiliser le grand public à la problématique des logements vacants. A Lille, plus de 6.000 logements vides avaient été répertoriés par la mairie, en 2011.
Expulsions en hausse de 20 %
Dans le même temps, le nombre de sans-logis ne cesse d'augmenter. «Lundi soir, dans la métropole lilloise, 349 personnes se sont adressées au 115 pour obtenir un toit. Parmi elles, de nombreuses familles avec des enfants mineurs», dénonce Philippe Deltombe, président régional de Droit au logement (Dal). Selon lui, les expulsions locatives ont bondi de 20%, l'an dernier. «Chaque année, on sent une tension supplémentaire sur le nombre de personnes en recherche de logements», ajoute-t-il.
Un nouveau centre d'examen de santé public
L'action des squatters a également le mérite de révéler un projet immobilier jusqu'alors tenu secret par l'Institut Pasteur de Lille. «Cet immeuble, à l'abandon depuis six ans, est promis à la démolition, assure l'élu lillois. Nous allons lancer, dans les mois à venir, la réimplantation, à cet endroit stratégique, du centre d'examen de santé public, de vaccination et d'ateliers thérapeutique de l'institut». Installée face à une bouche de métro, l'entrée serait plus pratique pour les 65.000 visiteurs annuels.
Pourquoi le projet n'a-t-il pas vu le jour plus tôt? «L'institut Pasteur a traversé de graves problèmes financiers, reconnaît Jacques Richir. Le projet a dû être mis en sommeil, mais aujourd'hui, l'équilibre financier a été retrouvé.»