SOCIALNord: Le sort des SDF suspendu au thermomètre

Nord: Le sort des SDF suspendu au thermomètre

SOCIALL'ouverture des places d'hébergement du plan d'urgence hivernale ne se fera qu'à partir de moins cinq degrés...
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Les sans domiciles fixes n'ont plus qu'à prier pour que l'hiver soit rigoureux. Cette année encore, la veille saisonnière du plan d'urgence hivernale a été activée. Néanmoins, une petite nouveauté dans les critères de mobilisation des places d'hébergement temporaires fait bondir les associations d'aide aux personnes à la rue: l'Etat a instauré une température minimale.

Premier niveau entre -5°C et -10°C

Pour cet hiver, les 600 places de mise à l'abri du plan d'urgence hivernale dans le département du Nord ne seront mobilisables que si les températures descendent au-dessous de cinq degrés «ressentis». Plusieurs niveaux existent correspondant à autant de places débloquées: Jaune (482 places; entre -5°C et -10°C), orange (111 places; entre -10°C et -18°C) et rouge (au-delà de -18°C, ouverture de gymnases et de salles des fêtes).

«La politique du thermomètre»

«Ce sont des critères qui existent depuis un bout de temps sans parfois être écrits, c'est la politique du thermomètre», s'insurge Thierry Velu, président du GSCF (Groupement Secours catastrophe Français). «On a déjà vécu ça, il y a quelques années dans l'Oise, poursuit-il, où l'on mettait les gens dehors parce qu'il faisait moins quatre degrés et pas moins cinq». Le président de l'ONG nordiste explique aussi que le froid n'est pas le seul facteur à prendre en compte: «être dehors sous la pluie alors qu'il fait quelques degrés est plus difficile que d'être au sec par mois cinq».

«Ils nous disent qu'ils vont mourir»

Le collectif Alerte NPDC dénonce une «gestion saisonnière de l'exclusion». Pour son président, Gérard Tonnelet, il s'agit «d'un recul de la solidarité nationale». Jérôme Rybinski, président du Samu Social du Nord, est plus cynique: «De toute façon, même s'il n'y avait pas de critère de température, les places offertes ne suffisent pas à absorber toute la demande». Jessica, écoutante au «115» depuis trois ans, se désole de cette situation: «Depuis début novembre, nous recevons 600 appels par jour contre 400 le reste de l'année, explique-t-elle. Lorsqu'on dit aux gens qu'il ne fait pas assez froid pour ouvrir les places d'accueil supplémentaires, ils ne comprennent pas. Ils nous disent qu'ils vont mourir dehors et nous, on ne peut rien faire».