Ligue Europa: Pour Michel Seydoux, la coupe d'Europe «ne peut pas être une priorité sportive» du Losc
FOOTBALL•A l'occasion du centième match de coupe d'Europe de Lille jeudi à Everton, le président parle à «20 Minutes» du passé, du présent et du futur européen de son club...François Launay
C'est un anniversaire symbolique. Ce jeudi soir à Everton, le Losc va disputer son centième match de coupe d'Europe. Troisième de leur poule de Ligue Europa, les Nordistes aimeraient fêter comme il se doit cette date historique en s'imposant chez le leader du groupe. Même si, après un début de saison difficile (12e de Ligue 1), la coupe d'Europe n'est pas forcément la priorité des Dogues. Michel Seydoux, le président du Losc, en parle dans cet entretien 100% européen accordé à 20 Minutes.
Que représente pour vous ce centième match européen?
C'est significatif car on a atteint ce chiffre dans un délai relativement court. On ne parle pas de 100 matchs en 70 ans mais de 100 matchs en seulement 13 ans. Le premier match européen du Losc remonte à 2001. Cela prouve surtout que le club a changé de dimension.
Dans cette histoire européenne, quels sont les matchs qui vous ont le plus marqué?
Bizarrement, je ne sais pas pourquoi mais on ne retient que les bons souvenirs (sourire). Même s'il y a aussi des mauvais souvenirs comme le 6-1 encaissé à Munich [en 2012]. Sinon, la qualification en huitièmes de finales de Ligue des champions à Milan reste un très bon moment. Cela a laissé des traces.
Aujourd'hui, au vu des cadences imposées, la coupe d'Europe est-elle devenue «une plaie» pour les clubs français?
C'est une surcharge de travail. Si on veut être présents sur les deux tableaux [Ligue 1 et coupe d'Europe], ça oblige d'avoir un budget plus important. Comme on a plus de matchs, on augmente les risques de blessures ce qui a été notre cas depuis le début de saison. Ce n'est pas une plaie car on se bat toute l'année pour être européen, mais c'est un problème compliqué pour les équipes ambitieuses mais pas forcément très dotées financièrement comme l'est le Losc.
Vu votre début de saison compliqué en Ligue 1, n'est-il pas préférable de lâcher la coupe d'Europe?
Je ne pense pas. L'Europe est très motivante pour les joueurs car ils découvrent d'autres terrains. Il y a un côté exotique qu'on n'a pas en Ligue 1. Après, il faut bien reconnaître que la coupe d'Europe est un consommateur d'énergie. C'est une priorité économique mais ça ne peut pas être une priorité sportive. Mais un club qui n'est pas européen n'a pas la même attractivité. Cela attire des gens au stade, des joueurs et ça met aussi de la lumière sur le club à l'étranger. Etre européen est important même si c'est complexe.
C'est un discours un peu schizophrène...
Oui car l'Europe coûte des points en championnat. Regardez l'OM la saison dernière ou Lyon il y a deux ans. De notre côté, on a commencé la saison très tôt avec le tour préliminaire de la Ligue des champions. On a joué plus de matchs que les autres.
Quel serait votre plus grand rêve européen?
Mon rêve c'est que le club grandisse pour franchir des paliers. Mais il faut que le foot français évolue pour retrouver la place qu'elle avait avant en Europe. On a besoin de cette vitrine européenne pour développer le championnat de France. Il faudrait par exemple que Paris gagne la Ligue des champions ou que le Losc aille le plus loin possible. Même si on n'est pas à armes égales avec d'autres championnats. Il y a une réflexion à mener sur le calendrier. Il faut aussi que les clubs arrivent à se renforcer économiquement pour réussir à garder leurs meilleurs joueurs le plus longtemps possible.
Voir Lille remporter une coupe d'Europe fait-il partie du domaine du rêve ou du possible?
Clairement, ça fait partie du domaine du rêve. Mais si on ne rêve pas dans ce métier-là, on n'avance pas (rires).