A l'occasion du match contre Saint-Etienne samedi au stade Pierre-Mauroy, le Losc va fêter ses 70 ans. Si le palmarès du club est connu (trois titres de champion et six coupes de France), Lille a aussi eu son lot d'histoires insolites depuis sa création. Président de l'association Losc et des anciens du club, Patrick Robert connaît tout des coulisses du Losc. Le dirigeant, qui vient de sortir un album anniversaire consacré aux 70 ans du club (éditions Hugo Sport) nous raconte quelques histoires croustillantes.

1944: Quand Le Losc se ravitaillait à l'extérieur.

«Quand le club a été créé en 1944, la France était encore en guerre. Pour aller jouer à l'extérieur, le club mettait deux jours et demi avant d'arriver à destination. Il y avait des ponts coupés et il fallait traverser à pied des ruisseaux. Une fois sur place, les joueurs remplissaient leurs sacs de jambon, de fromage et de tout ce qu'on ne trouvait pas dans le Nord qui était encore en zone occupée. Malgré ces conditions, le club a réussi à atteindre la finale de la coupe de France.»

1954: Quand le Losc devient la risée du foot français

«En juillet 1954, un homme arrive au poste frontière franco-belge de Rekem et se présente aux douaniers comme étant Joseph Zacharias, joueur réputé de la grande équipe de Hongrie. Il annonce qu'il vient de quitter le rideau de fer pour venir jouer au foot à Lille. Les douaniers le conduisent alors au siège du club et le président le présente à la presse le lendemain. Après cette conférence de presse, le Losc part jouer un match amical d'avant-saison près de Rouen. Zacharias fait partie de l'équipe mais dans le vestiaire, il n'arrive pas à lacer ses chaussures. Le match débute mais dans l'intervalle, le président avait reçu un télégramme de Budapest du vrai Zacharias. A la mi-temps, les gendarmes ont embarqué le faux Zacharias qui était en fait un légionnaire en rupture de ban. Il a pris six mois de prison ferme. Avec cette affaire, le club est devenu la risée du foot français. »

1970: Quand Guy Lux et Annie Cordy venaient soutenir le Losc

«En 1969, Le Losc décide de quitter le monde professionnel pour raisons financières. Le club est alors relégué en troisième division nationale. Voir cette équipe affronter Saint-Quentin, Longwy, Dunkerque au lieu de jouer contre Paris ou Bordeaux était intolérable pour certains dirigeants. Je venais de rentrer au club et au printemps 1970, on a décidé de mettre en place une opération appelée «Renouveau du Losc». Cela consistait à organiser des matchs de gala au stade Henri-Jooris comme Marseille-Anderlecht ou Sao Paulo-Feyenoord.On animait aussi les rues de Lille tous les week-end via des podiums populaires avec des vedettes de l'époque comme Annie Cordy ou Mick Micheyl, le tout présenté par Guy Lux. Tout ça nous a permis de récolter des recettes et surtout de mettre un coup de projecteur sur le Losc qui est remonté deux ans plus tard dans l'élite.»

1977: Quand Pierre Mauroy souffre politiquement de l'image du Losc

«A l'époque, le stade Grimonprez-Jooris venait d'être inauguré mais ça sonnait creux car le Losc n'allait pas bien sportivement. Il n'y avait que 3.000 spectateurs de moyenne au stade. Une situation dont s'est emparé Norbert Segard, opposant politique de Pierre Mauroy, lors de la campagne municipale. Il avait fait des affiches sur lesquelles on voyait un chien assis sur un siège du stade vide avec un slogan «Regardez comment Pierre Mauroy gaspille l'argent de la ville». Cela n'a pas plu à Pierre Mauroy qui a décidé de s'occuper du sujet. Du coup, le Losc s'est transformé en société d'économie mixte dans laquelle la mairie est devenue majoritaire.»

1998: Quand le Losc rencontre par hasard Vahid Halihodzic

«Cette année-là, le Losc disputait un match couperet en deuxième division sur la pelouse de Beauvais. Bernard Lecomte, président du club, avait prévenu l'entraîneur Thierry Froger qu'il serait renvoyé en cas de défaite. Le match a été perdu, Froger a été limogé et c'est un incroyable concours de circonstances qui a amené Vahid à la tête de l'équipe. Il faut savoir que Madame Halilhodzic habitait Beauvais à l'époque. Vahid, qui venait de quitter le club marocain du Raja Casablanca, est rentré dans l'Oise la veille du match. Et il a décidé d'aller voir le match en tribune. A l'issue de la rencontre, Pierre Dréossi, directeur sporif du Losc, discute avec Jacques Vendroux, qui avait commenté la rencontre pour France Inter. Le journaliste lui dit qu'il a vu Haliholdzic dans les tribunes. Dréossi court voir l'entraîneur et lui présente Bernard Lecomte. Le président lui fixe alors un rendez-vous le lendemain dans sa maison de La Madeleine. C'est comme ça que Vahid Halilhodzic est devenu entraîneur du Losc.»

2001: Quand le Losc vit un rêve de gamin

«La première participation en Ligue des champions a été une émotion très forte. On arrivait de Ligue 2, on venait de finir troisième de Ligue 1 et on se retrouvait dans le stade d'Old Trafford pour défier le Manchester United de Beckham et Giggs. C'était la première fois qu'on était européen en soixante ans d'existence. On devait se pincer pour y croire. On a changé de planète ce jour-là.»

2009: Quand Michel Seydoux fait comme si de rien n'était

«En juin 2009, Rudi Garcia venait d'être réintégré comme coach du Losc après avoir été renvoyé. Michel Seydoux, le président du club, a alors réuni tout le personnel dans l'amphithéâtre de Luchin. Son discours s'est limité à: «Il ne s'est rien passé, c'est un micro-événement». L'atmosphère était légère et tout le monde s'est remis au boulot.»