Mini-jupes et décolletés plongeants ont du souci à se faire à La Madeleine. Depuis le 20 octobre, le maire (UMP) de la commune, Sébastien Leprêtre, a signé un arrêté municipal «interdisant les tenues indécentes dans certaines rues».

L'élu avait déjà pris différentes mesures visant à dissuader les prostituées de faire leurs affaires sur son territoire. Des caméras avaient été installées sur certains parkings et les abribus avaient été démontés dans les rues occupées par les travailleuses du sexe. Les policiers municipaux pourront maintenant s'attaquer aux décolletés.

Les citoyens sont sceptiques

Problème: quels critères objectifs permettent de juger qu'une tenue est «indécente»? Le texte de l'arrêté parle de «bonnes mœurs», de «moralité», de «décence». Dans la rue, les concitoyens du maire sont au mieux sceptiques. Ainsi Claudine, 66 ans, trouve que le maire «a raison», mais précise: «Il y a des «gamines habillées de façon provocantes qui ne sont pas des prostituées». Paul, 32 ans, estime que la notion d'indécence est «très subjective». Et Marion, 33 ans, juge même que «c'est un arrêté qui touche aux libertés individuelles. Quelqu'un avec des cheveux rouges peut être jugé indécent».

La Ligue des Droits de l'Homme s'interroge

«Je ne veux pas entrer dans des discussions intellectuelles sur la sémantique», esquive Sébastien Leprêtre. Selon l'élu, quelques procès-verbaux ont déjà été dressés par la police municipale: «Les agents ont verbalisé une femme qui laissait apparaître sa poitrine au-dessus de son bustier, explique le maire, c'est ça une tenue indécente». Pour Georges Voix, délégué régional de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), «c'est un arrêté complètement absurde, le terme "tenue indécente" est beaucoup trop vague». L'arrêté municipal a été confié au service juridique de la LDH pour étude. «Est-ce une liberté publique de se balader dans une tenue indécente?», insiste Sébastien Leprêtre. Retour à la case départ: qu'est-ce qu'une tenue indécente? Vous avez deux heures.