Nord-Pas-de-Calais: Le sous-sol offre un bel avenir aux carrières
RESSOURCES•Les industries de carrières, riches de ressources régionales abondantes, risquent de pâtir d'une baisse d'activité dans le secteur du bâtiment...Mikaël Libert
«En termes de ressources, on a de quoi voir venir pour au moins cinquante ans», déclarait, lundi, Jean-François Didier, le président de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM). La remise d'un diplôme «charte environnement» à une entreprise d'extraction régionale était l'occasion de revenir sur l'état de la filière des carrières.
Du mal à attirer les jeunes
Chaque année, ce sont 18 millions de tonnes de granulats qui sont extraites du sous-sol régional. Là où d'autres régions, comme l'Île de France, sont déficitaires (elles consomment plus de matériaux qu'elles n'en produisent), le Nord-Pas-de-Calais se porte bien, avec une visibilité en termes de ressources à plus de 50 ans. Environ 60% de la matière première extraite est utilisée dans les travaux publics, le génie civil ou le bâtiment. A titre d'exemple, il faut environ 30.000 tonnes de granulats pour construire un kilomètre d'autoroute. Problème: la baisse d’activité dans le secteur de la construction se ressent directement chez les fournisseurs de granulats: «On accuse une baisse de l’ordre de 10% de notre activité, affirme Jean-François Didier, mais nous n’envisageons pas de suppressions d’emplois pour l’instant». En effet, par manque de visibilité auprès des jeunes, la filière peine à recruter du personnel qualifié, notamment pour remplacer les départs en retraite.
A propos du chantier de construction du canal Seine Nord, prévu pour durer six ans, le président de l'UNICEM ne s'emballe pas: «C'est vrai que cela donnerait du travail à beaucoup de monde pendant quelques années, avoue-t-il, mais on attend que ce soit fait». Il faudra environ douze millions de tonnes de granulats sur cinq ans pour construire le canal.
Créer de la biodiversité
En attendant, la filière des carrières travaille son image. D’où l'exposition présentée du 6 au 24 octobre dans la hall du siège de région à Lille: «Nous sommes une filière économique locale, très engagée dans la construction et l'aménagement durables», explique Olivier Poulain, responsable de la Charte environnement de l'UNICEM. D'ailleurs, la société STB recevait, lundi, un diplôme de l'UNICEM pour sa gestion exemplaire de l'environnement sur ses sites de Hamel et Malincourt, dans le Nord: «En dix ans d'exploitation de ces carrières, nous avons constaté que notre activité avait généré de la biodiversité», glisse Nicolas Seignez, responsable recherche et développement durable chez STB. Près de 200.000 abeilles de 51 espèces différentes ont été référencées sur les deux sites, ainsi que l'apparition d'une flore qui n'y existait pas avant, comme le spergulaire rouge ou l'œillet des chartreux.