Les rues de Lille seraient-elles en train de se transformer en décor de western? Mardi, vers 22h, un homme de 25 ans a été retrouvé au sol, touché aux jambes par des tirs d'arme à feu. Les faits se sont passés Porte d'Arras, dans le quartier de Moulins à Lille. C'est la troisième fusillade en trois jours.

Une nouvelle victime de tirs mardi

La victime, dont le pronostic vital n'est pas engagé, a été transportée au CHR de Lille. Aux policiers, le jeune homme expliquera qu'il «ne sait pas pourquoi il a été pris pour cible». Par ailleurs, des témoins de la scène déclareront aux agents présents sur place qu'ils ont vu un véhicule noir prendre la fuite juste après les coups de feu.

L'affaire n'est pas sans rappeler deux autres faits relativement similaires qui se sont déroulés cette semaine. Dimanche d'abord, vers 4h du matin, rue Pierre-Legrand à Fives: un homme de 39 ans avait reçu une balle dans la cuisse. Dans la nuit de dimanche à lundi ensuite: Le passager d'un deux-roues qui circulait boulevard de Belfort, à Moulins, avait été touché d'une balle au genou. Dans ces trois affaires, les victimes ont à chaque fois déclaré ignorer pourquoi on leur avait tiré dessus.

«Ça sent le règlement de comptes»

Mercredi, le Parquet de Lille se refusait à relier les trois affaires: «Ce sont trois enquêtes distinctes qui ont toutes été confiées à la police judiciaire de Lille», commentait le procureur, Frédéric Fèvre. Côté syndicats de police, Alliance s'étonne de la similitude entre les faits et du laps de temps très court qui les séparent. Pour l'adjoint à la sécurité de la mairie de Lille, Franck Hanoh, «ça sent tout de même le règlement de comptes autour du trafic de drogue». «La prolifération des armes à feu nous inquiète dans des quartiers comme Moulins, déclare l'élu, même si l'on n’est pas encore au niveau de certaines villes du Sud». Par ailleurs, le préfet du Nord, Jean-François Cordet, a donné pour instruction au patron de la police du Nord de renforcer la présence policière dans les quartiers sensibles: «Afin de renforcer les équipes de la sécurité publique, de nombreux moyens et des forces mobiles vont être mis en place», assurait, mercredi, la préfecture.

Au-delà des problèmes de manque d'effectifs dans les forces de police, le syndicat Alliance dénonce la faiblesse des condamnations prononcées par les tribunaux qui «renforce le sentiment d'impunité des délinquants». Sentiment partagé par Martine Aubry qui, lors de sa conférence de presse de rentrée, vendredi dernier, dénonçait le «laxisme» des juges et les invitait «à descendre sur le terrain pour voir ce que vivent les gens».