TELEVISIONLille: L’histoire partagée par les descendants d’un résistant, d’un collabo et d’un gestapiste

Lille: L’histoire partagée par les descendants d’un résistant, d’un collabo et d’un gestapiste

TELEVISIONFrance 3 Nord-Pas-de-Calais diffuse, samedi après-midi, un documentaire sur la résistance lilloise par le prisme de trois familles que tout sépare…
Gilles Durand

Gilles Durand

Drôles de retrouvailles. Karine est la fille d’un ancien chef de la Gestapo. Le grand-père de Ludovic était un résistant communiste. Celui de Marie-Claude un collaborateur notoire. L’histoire a réuni ces trois familles à Lille pendant l’Occupation. Le destin va les faire se rencontrer de nouveau, 70 ans plus tard, sur les traces de leur aïeul. Le documentaire Les fantômes de l’histoire, diffusé samedi, à 15h25 sur France 3 Nord-Pas-de-Calais, retrace cette rencontre improbable, où trois familles, française, allemande et américain, sont confrontées à leur passé bouleversant. Une rencontre orchestrée par Grégory Celerse. Cet historien lillois n’a de cesse, depuis quelques années, de fouiller la mémoire lilloise* entre 1940 et 1944.

Foisonnement d’informations

«Au cours de mes recherches aux Archives départementales, j’ai pu retrouver le rôle exact de Marcel Denèque, un collaborateur, d’Emile Allain, un résistant communiste et surtout de Kurt Kohl, un inspecteur de la Gestapo, raconte Grégory Celerse. Grâce à internet, j’ai pu entrer en contact avec leurs descendants. Je trouvais intéressant de filmer leur rencontre.» Mais ce fil conducteur a parfois du mal à se frayer un chemin à travers un foisonnement d’informations et une multiplication de témoignages et de personnages. Réalisé par Jean-Marc Descamps, le documentaire dresse, néanmoins, un portrait fouillé précis de Lille à l’heure de l’Occupation.

Sujet sensible

«On évitait de parler de mon père dans la famille», se souvient Karine, la fille de Kurt Kohl, installée aujourd’hui aux Etats-Unis. Ludovic, petit-fils du résistant Emile Allain, vit toujours dans la région. Quant à Marie-Claude, petite-fille de Marcel Denèque, ironie de l’histoire, elle habite désormais à Berlin. «Je suis heureux qu’elle ait accepté de témoigner à visage découvert, note Grégory Célerse. C’est courageux, car il est plus facile de parler d’un ancêtre résistant que collabo». «Une personne est inconsciemment marquée par son propre passé», explique une psychothérapeute dans le documentaire. Quand la parole se libère, l’histoire se comprend mieux.

*Lire aussi de Grégory Célerse, publié aux éditions Lumières de Lille, Histoire de la Gestapo et La traque des résistants nordistes.