Les réactions à l'effondrement meurtrier d'une maison à Lille
LOGEMENT•Au lendemain du drame qui a coûté la vie à un enfant de 2 ans et demi et à sa mère, les réactions se concentrent sur la lutte contre l'insalubrité des logements privés...Olivier Aballain
L'effondrement soudain d'un bâtiment à Lille-Fives était sur toutes les bouches ce mardi matin.L'immeuble, étayé depuis 1990 par de gros piliers métalliques, ne présentait, selon la mairie et les pompiers, «pas de signe extérieur de fragilité». Le drame est révélateur, pour les autorités, de la difficulté à connaître l'état de salubrité d'un logement privé.
Retrouvez ici tout au long de la journée les réactions des élus et responsables associatifs
«Nous sommes dans un quartier (Fives) qui comptait encore plus de cent courées il y a vingt ans», rapporte Christiane Bouchart, une conseillère municipale EELV qui a travaillé sur place pendant longtemps en tant qu'assistante sociale. Mais pour elle, «la réhabilitation demande nécessairement du temps».
«Aucune procédure n'était en cours pour cet immeuble», a précisé Martine Aubry dès lundi soir, sur les lieux du drame. Comme le montre la photo ici-bas, prise quelques mois avant le drame, le pignon de la maison ne présentait d'ailleurs pas de marque évidente de fragilité autour des étais métalliques posés en 1990.
La maison effondrée de Fives avec, à gauche, une vue avant le drame. - M.Libert/20 Minutes et DR
Ces dernières années la maire de Lille avait tout de même fait du quartier sa priorité, sans cacher les difficultés que rencontre parfois la ville pour «repérer les situations difficiles».
Comment faire? Pour Christiane Bouchart, l'instauration d'un permis de louer à Lille, prévu par la loi ALUR sur le Logement votée en 2013 (et expérimenté à Roubaix depuis 2008), fait justement partie des outils qui permettraient d'agir pour mieux répertorier les situations à problème. Dans le cas précis de la maison effondrée lundi soir, il semblerait que les victimes soient les propriétaires occupants. «Mais certaines dispositions de la loi ALUR pourraient nous être utiles», confirme Pierre de Saintignon, le 1er adjoint (PS) à Lille. «Nous attendons les décrets d'application pour l'autorisation de travaux avant mise en location, notamment», annonce l'élu.
A l'atelier populaire d'urbanisme, Gauthier Ragonnet reste prudent concernant l'état initial du logement effondré. Mais il donne quitus à la Ville de Lille de ses efforts pour travailler sur l'habitat indigne. «Depuis 2008 il y a une réelle volonté de repérer les situations d'insalubrité, et de faire en sorte que ça s'améliore», assure le responsable associatif, d'habitude pas tendre avec les autorités. Gauthier Ragonnet cite notamment la mise en place d'une «visite systématique des logements» pour chaque demande d'aide à la Caisse d'allocation familiale. «Cela a réellement permis de traiter des situations dont nous n'avions pas connaissance», poursuit-il. «Mais dans un quartier peuplé comme Fives, il y a beaucoup de logements et on ne peut pas tout faire d'un coup».
Dans l'opposition municipale, Thierry Pauchet (UDI) rappelle d'ailleurs que des associations (dont l'APU) agissent pour le compte de la mairie dans la lutte contre le logement insalubre.«Nous avons voté en février une délibération en ce sens avec 300.000€ de budget à la clef, et c'est une bonne chose». Mais l'élu se montre réservé sur l'opportunité de mettre en œuvre une autorisation de mise en location. «Mieux vaut renforcer les actions avec les outils dont on dispose déjà».