Nature: les 20 espèces emblématiques du Nord

Nature: les 20 espèces emblématiques du Nord

EnvironnementPour ses 20 ans, le CEN a fait une sélection de 20 espèces parmi la faune, la flore et la géologie de la région...
CEN, M.L et G.D

CEN, M.L et G.D

Quel est l’état de la nature en région? Le conservatoire d’espaces naturels (CEN) mène l’enquête depuis deux décennies et propose, samedi 6 septembre, à Montreuil-sur-Mer, 20 heures d’observations pour célébrer ces 20 ans. 20 Minutes ne pouvait être que partenaire de l’événement qui se tient, samedi à Montreuil-sur-Mer. L’occasion de découvrir la faune, la flore et la géologie régionales, ainsi que les menaces qui pèsent sur certaines variétés et espèces.

Les utriculaires

Une plante de l'espèce Utricularia vulgaris. - Conservatoire d'espaces naturels

Ce sont des plantes aquatiques carnivores. Les utriculaires tirent leur nom du fait qu’elles portent de petites vésicules sur leurs feuilles qui permettent la capture des proies par aspiration. En région, 3 espèces sont signalées: l’Utriculaire naine (Utricularia minor) inféodée aux marais arrières littoraux, l’Utriculaire citrine (Utricularia australis) et l’Utriculaire commune (Utricularia vulgaris). Ces 3 espèces patrimoniales en région sont inféodées aux eaux de bonne qualité non polluées et souvent riches en carbone mais pauvres en matières nutritives. On retrouve ces espèces sur plusieurs sites en gestion ou sites d’intervention du Conservatoire comme la ZPS de Balançon, le Marais de Villiers, la RNR des Marais de Cambrin, Annequin, Cuinchy et Festubert.

La Lucine

Un papillon de l’espèce Hamearis lucina ou Lucine. - Jean-Pierre Pepin

L'Hamearis lucina, ou Lucine, est un papillon printanier exceptionnel en région, observé uniquement à l’extrémité est de l’Avesnois, essentiellement sur les monts de Baives et de Bailièvre. Ces sites constituent la limite ouest d’une longue bande calcaire appelée Calestienne, se prolongeant sur 130km jusqu’aux environs de Liège. La Lucine est également observée ponctuellement dans les forêts de l’Abbé Val-Joly et Trélon. Sur les monts de Baives et de Bailièvre, elle occupe des milieux ouverts constitués de prairies maigres bocagères et de pelouses sèches buissonnantes où les femelles pondent leurs œufs en petits groupes sous les feuilles de primevères, lesquelles sont ensuite consommées par les chenilles.

La locustelle luscinioïde

Un passereau paludicole. - Ph. Pulce

Il s’agit d’un passereau paludicole dont la présence est souvent révélée par son chant caractéristique. Vulnérable dans la région, cette espèce est considérée comme en danger d’extinction au niveau national. D’après la littérature, l’espèce colonise principalement les grandes roselières à roseau commun, mais elle s’installe également dans les formations à grandes laîches et les zones à massettes. Elle recherche souvent les fouillis de végétation, mais elle peut nicher dans les roselières pures à roseau commun à condition d’y trouver des enchevêtrements de vieux roseaux pour installer son nid. L’espèce niche sur plusieurs sites gérés par le Conservatoire notamment en vallée d’Authie (Marais de Roussent) et en plaine maritime picarde (Marais de Villiers, ZPS de Balançon).

La dectique verrucivore

Une sauterelle de l'espèce Dectique verrucivore - Gilles San Marin

Il s’agit de la plus imposante espèce de sauterelle que l’on peut observer dans la région (de deux à quatre centimètres de long). Son nom viendrait d’une légende qui voudrait qu’elle ait la faculté de débarrasser des verrues… Typique des pelouses montagnardes, des coteaux calcaires et des landes, elle apprécie les végétations en mosaïque où des zones à végétation dense jouxtent le sol nu bien exposé au soleil. En régression dans tout le nord-ouest de l’Europe, elle se maintient dans le Nord – Pas-de-Calais uniquement sur la réserve naturelle nationale de la grotte et des pelouses d’Acquin-Westbécourt et des coteaux de Wavrans-sur-l’Aa, gérée par le CEN. Les derniers résultats du suivi de l’espèce font état d’une population avoisinant la centaine d’individus.

Le grand rhinolophe

Une chauve-souris Grand Rhinolophe - Conservatoire d’espaces naturels

Chauve-souris de grande taille au nez en forme de fer à cheval, qui lui vaut son nom et par lequel elle émet et réceptionne des ultrasons pour chasser et se déplacer, elle est observée en période hivernale suspendue aux plafonds de cavités humides à températures stables. De nombreux sites du Pas-de-Calais gérés par le Conservatoire l’accueillent au cours de son hibernation: dans le Boulonnais, le Calaisis et le Montreuillois. Cette espèce qui se nourrit de coléoptères et de papillons de nuit, les chasse le plus souvent à l’affût en se suspendant aux branches. Elle apprécie donc les milieux bocagers présentant des haies hautes et des prairies pâturées. Une seule colonie de reproduction est connue à ce jour dans la région. Ce site localisé dans les remparts de Montreuil-sur-Mer est géré par le Conservatoire.

La spiranthe d’automne

Une orchidée de l’espèce Spiranthe d’automne. - Conservatoire d’espaces naturels

C’est une petite orchidée très discrète que l’on retrouve au sein des coteaux calcaires. Comme son nom l’indique, on l’observe tard en saison, les premiers pieds se développant au début du mois de septembre. Ses petites fleurs blanches, disposées en hélice serrée et dense sont caractéristiques de l’espèce. Elle se développe exclusivement en milieu très ouvert car elle ne supporte pas la concurrence. L’espèce est aujourd’hui en danger d’extinction et les principales populations de la région bénéficient d’actions de conservation de la part du Conservatoire d’espaces naturels (Coteaux des Riez de Noeux-les-Auxi et de Wavrans-sur-l’Aa, classés en réserve naturelle).

La vipère péliade

Une vipère péliade - Lee Brady

Serpent de petite taille, la Vipère péliade est une espèce très discrète qui peut être observée en région uniquement dans le département du Pas-de-Calais. Elle est observée sur des coteaux calcaires, des landes, des voies de chemin de fer désaffectées et des friches. Elle affectionne les habitats naturels complexes composés de végétations hautes et denses comme les arbustes et de végétations basses et rases comme les pelouses. Elle est présente sur deux sites d’actions du Conservatoire: un dans le Montreuillois et un autre dans le Ternois. L’espèce classée comme assez rare en région fait actuellement l’objet d’un plan d’action régional animé par le Conservatoire en partenariat avec des gestionnaires, des associations et des naturalistes régionaux.

Les pépins de pierre

un pépin de pierre ou coccolithes - Conservatoire d’espaces naturels

Les pépins de pierre, ou coccolithes, ça ne vous avance pas? Alors imaginez. Il y a 80 millions d’années, des algues unicellulaires flottant en masse dans une mer chaude, calme et très vivante, qui occupait notre région à cette époque. Ces algues microscopiques se protégeaient en sécrétant de petites plaques de calcaire, les coccolithes. Leur nom? Les coccolithophoridés, traduisons organismes «qui portent des pépins de pierre». Longtemps après la mort de ces algues, lentement et sur plusieurs millions d’années, les coccolithes accumulés par milliards au fond de la mer se sont transformés en roche: la craie. Une roche très répandue dans le nord de la France et en Europe qui, pourtant, a une origine microscopique: les «pépins de pierre».

La cigogne blanche

Une cigogne blanche - Conservatoire d’espaces naturels

Ce grand oiseau est contraint, de part sa taille, à construire son nid dans des lieux hauts et découverts, faciles d’accès. La cigogne privilégie les prairies herbeuses pour trouver son alimentation, les terres cultivées, souvent aux abords des cours d’eau, ainsi que les zones inondables. Son régime alimentaire varie selon la saison, l’endroit et la disponibilité des proies, les plus courantes étant les insectes. L’industrialisation et les changements des pratiques agricoles entraînent son déclin au XIXe siècle. Depuis, l’espèce a été réintroduite dans de nombreuses régions. Alors qu’elle était considérée en 1988 comme «quasi menacée» par l’Union internationale pour la conservation de la nature, elle est, depuis 1994, considérée comme de «préoccupation mineure».

L’Atypus affinis

Une araignée Atypus affinis de la famille des mygales - Vs. Brenne

Non ce n’est pas le titre d’un conte pour enfant. Il s’agit bel et bien d’une araignée répondant au doux nom d’Atypus affinis. Elle fait partie de la famille des mygales et réside sous nos latitudes. Elle vit dans un tube de soie (la fameuse chaussette) installé dans un terrier qui peut faire une vingtaine de centimètres. Présente sur la réserve naturelle régionale des Riez de Noeux-les-Auxi, notre inoffensive mygale est rare dans le Nord - Pas-de-Calais. Elle est notamment connue sur le littoral, dans les milieux dunaires, et sur certains coteaux calcaires du Boulonnais.

Le Houblon

Du houblon. - Sophie Declercq

C’est une plante grimpante commune en région que l’on retrouve au sein des haies et des boisements frais. Il s’agit d’une plante monoïque, c’est-à-dire qu’il y a des plants femelles et des plants mâles. On reconnaît facilement l’espèce à ses feuilles rappelant la vigne et aux cônes pendants caractéristiques des plants femelles. Ce sont ces cônes qui, arrivés à maturité, sont utilisés pour aromatiser la bière. La résine odorante qui les entoure, appelée lupuline, lui apporte son amertume et des propriétés aseptisantes et conservatrices. Le houblon est ainsi cultivé dans le nord et l’est de la France sur des perches-tuteurs de plusieurs mètres de haut.

le murin des Marais

Une chauve-souris de l’espèce murin des marais - CEN

Petite chauve-souris présente dans le nord et l’est de l’Europe, elle est régulièrement observée en France essentiellement dans le Nord - Pas-de-Calais. De ce fait, elle est considérée comme rare dans notre région. En hiver, elle est observée dans quelques sites d’hibernations situés à l’ouest de Saint-Omer dans des carrières et des bunkers. Deux sites gérés par le Conservatoire sont occupés occasionnellement par le Murin des marais au cours de la période hivernale. En période estivale, le Murin des marais peut être observé en action de chasse au-dessus de canaux et de watergangs à la poursuite d’insectes qui constituent son régime alimentaire. Il y a moins de deux ans, la première colonie de reproduction de l’espèce en France a été découverte dans le Dunkerquois.

L’azuré bleu céleste

Un papillon de l’espèce Azuré bleu céleste ou Bel argus - T.Cheyrezy

L’Azuré bleu céleste ou Bel argus (Polyommatus bellargus) est un petit papillon dont les mâles sont d’un bleu intense. Il vole uniquement sur les pelouses calcaires de l’ouest du Pas-de-Calais et est ainsi considéré comme rare en région, même si certains sites comme les coteaux de Dannes-Camiers ou encore les Riez de Noeux-les-Auxi peuvent accueillir de florissantes populations. Les chenilles ont la caractéristique d’être fréquemment «visitées» par des fourmis, même si cette association reste facultative, contrairement à d’autres espèces de papillons. En effet, les chenilles sécrètent un liquide sucré que viennent lécher les fourmis qui, en échange, protègent la chenille contre les insectes parasites et autres prédateurs.

Les monts de Baives

Une carrière dans les monts de Baives - Conservatoire d’espaces naturels

Notre planète n’a pas toujours été telle qu’on la connaît. Notre région non plus. Il y a 380 millions d’années, notre région se trouvait sous les tropiques, sous la mer, bordée d’environnements récifaux. Des récifs vraiment! Semblables à ceux que l’on peut découvrir dans les documentaires ou en prenant l’avion. Une vie luxuriante qui avec le temps, sur plusieurs millions d’années, a été conservée, fossilisée car transformée en roche. Les reliefs des monts de Baives et la Calestienne belge dont ils sont la terminaison ouest sont en réalité quelques uns de ces récifs. Les scientifiques y trouvent encore des organismes fossilisés témoins de la vie tropicale dans notre région. Mais attention: prélèvements à but scientifique uniquement.

Les bousiers

Un scarabée bouzier - A.Simon

Ces insectes coprophages appartiennent à l’ordre des Coléoptères et à la famille des Scarabéides. En enfouissant ou en consommant les excréments de toute nature, ils contribuent très efficacement à l’assainissement de notre environnement. Certaines espèces ont des mœurs remarquables à l’image des Géotrupes qui creusent en couple des galeries pouvant atteindre 60cm de profondeur au fond desquelles ils enterrent des masses d’excréments pour y pondre leurs œufs. On connaît plus de 180 espèces de bousiers en France dont plus de 70 s’observent en région Nord – Pas-de-Calais. L’identification de ces coléoptères nécessite une observation à la loupe binoculaire ce qui explique qu’ils sont rarement étudiés et par conséquent méconnus.

Les sphaignes

Une mousse de l’espèce des sphaignes - M.Pirot

Ces mousses sont représentées par une vingtaine d’espèces en région, toutes aussi menacées ou rares les unes que les autres. Elles vivent principalement en tourbières qui sont très localisées en région. Ce sont d’ailleurs ces mousses qui, en association avec le Marisque notamment, forment pour partie la tourbe en se décomposant. Seule la base des sphaignes meurt alors que les parties supérieures continuent de croître indéfiniment formant ainsi de petites buttes. Elles n’ont d’ailleurs aucun prédateur connu à travers le monde. Certaines espèces de plantes vivent sur ou grâce aux sphaignes comme la Drosera à feuille rondes, petite plante carnivore aux feuilles couvertes de poils qui produisent un suc collant de couleur rouge lui permettant de capturer de petits insectes.

Le vertigo de des moulins

un escargot de l’espèce Vertigo de Des Moulins - T.Beaurainville

Le Vertigo de Des Moulins (Vertigo moulinsiana) est un escargot très discret. Pour cause, sa coquille ne dépasse pas 3mm de haut. Ce mollusque est assez largement répandu dans la région, quoique principalement localisé aux marais tourbeux alcalins ouverts où se développent des massifs de grands hélophytes (essentiellement des Laîches). Il vit sur les feuilles et dans la litière des végétaux et se nourrirait de micro-champignons, mucus, micro-algues épiphytes, micro-lichens ou de bactéries. Le Vertigo de Des Moulins est présent sur quelques zones humides gérées par le CEN dont la Réserve naturelle régionale du Marais de la Grenouillère à Auchy-lès-Hesdin, où l’espèce fait l’objet d’une attention particulière.

La pie-grièche écorcheur

Une pie grièche - CEN

C’est un passereau à l’allure de rapace mais dont la taille ne dépasse pas celle du merle. Le mâle arbore un manteau brun-roux, une tête grise et un masque noir. La femelle, beaucoup moins colorée, a le dessus brun-gris et le dessous blanc jaunâtre barré de lignes noires. C'est une espèce typique des milieux bocagers: elle a besoin de buissons bas, de perchoirs et de milieux herbacés riches en insectes. Elle chasse les insectes à l’affût et les embroche sur un «lardoir»: les épines de prunelliers peuvent ainsi être utilisées pour faciliter le dépeçage ou constituer un garde-manger. Dans le Nord - Pas-de-Calais, la majorité des paysages bocagers ayant disparu, l’espèce est aujourd’hui menacée et se cantonne à l’Avesnois.

Le Buddleia

Un Buddleia davidii, arbuste originaire de Chine - Conservatoire d’espaces naturels

Le Buddleia davidii est un arbuste originaire de Chine. Il est également appelé
«l’arbre aux papillons» car il est très odorant avec une floraison abondante qui attire beaucoup les papillons. Introduit en Europe en 1869 pour ses qualités ornementales, il a été largement mis en culture au début du XXe siècle. Échappé des jardins et des parcs, le Buddleia se retrouve maintenant dans les milieux perturbés, généralement ouverts comme les voies de chemin de fer, les bords de routes, les friches mais aussi au bord des cours d’eau. Considéré comme invasif, il forme des peuplements denses qui limitent la croissance d’autres espèces indigènes.

L’agrion délicat

Une libellule agrion délicat - Conservatoire d’espaces naturels

L’Agrion délicat est une petite demoiselle orangée que l’on trouve dans les marais tourbeux régionaux. L’espèce est cantonnée aux vallées de la Sensée, de la Canche et de l’Authie et les marais arrières littoraux entre ces deux dernières vallées. Cette libellule vole de juin à août dans notre région et les effectifs peuvent ponctuellement être très importants. Discrète, il faut parfois aller la débusquer dans la végétation, comme les grandes laîches, dans laquelle elle trouve refuge notamment en cas de vent fort. L’espèce est présente sur six sites d’intervention du Conservatoire en région. L’espèce est considérée comme menacée en région Nord – Pas-de-Calais et en particulier en vallée de la Sensée où elle est très éloignée des populations les plus proches déjà connues.