URBANISMELe spectre de l'expropriation

Le spectre de l'expropriation

URBANISMEUn projet immobilier inquiète une poignée de propriétaires...
Gilles Durand

Gilles Durand

C'est l'éternelle histoire du pot de terre contre le pot de fer. Quatre propriétaires de la rue du Faubourg de Roubaix, près d'Euralille, ont décidé la semaine dernière de dénoncer un projet immobilier de la mairie. Le 28 février se terminait l'enquête publique concernant le programme de construction d'une résidence de 270 logements, baptisée Ilot Pépinière. Un collectif, aidé par l'Atelier populaire d'urbanisme (APU) de Fives, conteste l'utilité publique de ce projet. «Il s'agit avant tout d'une opération financière. Moins de 10% des logements seront réservés aux personnes en grande difficulté sociale», argue Antoine de Labarthe, un des propriétaires du collectif.

« Partir pour aller où ? »

L'APU, qui souhaite limiter la bétonisation de ce quartier, pointe aussi «une étude d'impact sur la biodiversité restée sans réponse et la présence sur le site d'une espèce protégée de tritons». La ville ne l'entend pas de cette oreille et les 1,7 hectares disponibles, essentiellement constitués d'une pépinière, ont depuis quelques années attisé les convoitises d'une ville qui soigne sa politique de logements. «Les négociations avec les propriétaires ont commencé en 2009. On espère ne pas en arriver au juge de l'expropriation», souligne le service de l'habitat de la mairie.

Car ces derniers habitants récalcitrants ont l'impression que la ville tente, en plus, de les spolier dans cette affaire. «On m'a proposé 200.000€ pour une propriété qui en vaut le double. Partir pour aller où?», s'insurge Saïd Brahimi. Depuis vingt-cinq ans, il a construit sa vie autour de son jardin qui lui permet de vivre en autarcie alimentaire. Même colère chez les autres qui dénoncent «les méthodes de harcèlement». «Nous sommes soumis aux estimations des Domaines, signale la mairie. Si on nous laisse entrer dans les maisons, on peut réévaluer le prix». Les résultats de l'enquête publique seront connus début avril.

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■ Logements vacants

Réquisitionner les logements vides serait-il une solution alternative pour lutter contre les problèmes de logement? En 2011, il restait 6078 logements vacants sur les 134.619 que compte la ville de Lille, soit moins de 5%, selon la mairie. En 1999, la ville comptait 15% de logements vacants. «Beaucoup sont des logements au-dessus de commerces qui sont difficilement accessibles», explique le directeur général du service Urbanisme et Habitat.