Les familles Roms d'un camp à l'autre
CAMPEMENTS•Expulsées de Lille-Sud, elles ont rejoint les installations sauvages de Croix et de Roubaix...Gilles Durand
On appelle ça le principe des vases communicants. Mardi matin, vers 6h, la police a procédé à une nouvelle évacuation partielle d'une trentaine de caravanes, dans le camp de Lille-Sud. Deux autres opérations d'expulsion avaient été menées le 25 juillet et le 6 septembre. En début d'année, on comptait dans ce campement environ huit cents personnes. Aujourd'hui, il ne reste qu'une trentaine de caravanes sur le parking, transformé en no man's land. Quelques heures plus tard, une partie de ces caravanes s'était donné rendez-vous à Croix et à Roubaix ou trois autres campements sauvages sont en train de prendre de l'ampleur.
«Système mafieux»
«C'est une politique qui tourne en rond», proteste Bruno Mattéi, du collectif Solidarité Roms. A Croix, la police municipale empêchait les caravanes de rejoindre le camp situé sur un terrain privé, «réputé pollué» selon la mairie. «Dès que la police sera partie, les Roms s'installeront», confie Bruno Mattéi. La ville de Lille a demandé à ce que le camp de Lille-Sud, mais aussi celui du carrefour Pasteur, soit évacué avant la fin du mois. En octobre, ce sera au tour des deux camps roubaisiens, d'après Solidarité Rom. Or, ces expulsions à répétition génèrent d'autres problèmes, à en croire Dominique Plancke, élu (EELV) lillois. «Un système mafieux se met en place avec le commerce de terrain», dénonce-t-il. «C'est le cas au carrefour Pasteur, confirme le collectif Solidarité Roms. Des personnages bizarres profitent de la situation pour monnayer les emplacements, en se prétendant soutenus par la préfecture et la ville.»