Qu’est-ce qu’un vers en poésie ?

Qu’est-ce qu’un vers en poésie ?

françaisSi le ver est un animal filiforme, le verre un matériau et le vert une couleur, le vers est un composant majeur de la poésie. Retour sur les bases
Frédéric Henry pour 20 Minutes

Frédéric Henry pour 20 Minutes

L'essentiel

  • Le vers est un élément fondamental en poésie.
  • Chaque ligne d’un poème est un vers.
  • Sa pratique se nomme la versification.

Le vers, la rime, le pied… Ces mots, vous les avez forcément étudiés en primaire, mais ils ne sont pas nécessairement connus, par exemple, des apprenants en français. En tout cas (on a vérifié), il se trouve des internautes pour en chercher la définition sur la Toile, donc si c’est votre cas, cet article est pour vous.

Un mot d’origine latine

Le terme « vers » descend du latin « versus » qui, de « sillon » au sens agricole, prit en français le sens de « ligne d’écriture » – qu’est-ce qu’un sillon, finalement, sinon une ligne tracée dans un champ ?

Le vers en poésie

Mais attention, le vers n’est pas n’importe quelle ligne d’écriture. Les lignes qui composent cet article, par exemple, forment un texte en prose. C’est-à-dire que, hors retour à la ligne ou nouveau paragraphe, on a des blocs de texte. Un poème, comme une chanson d’ailleurs, est habituellement composé de lignes plus ou moins courtes, mais qui s’enchaînent. Par exemple, ici, avec cet extrait des Fleurs du mal de Baudelaire :

« Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,

Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,

Et t’aime d’autant plus, belle, que tu me fuis,

Et que tu me parais, ornement de mes nuits,

Plus ironiquement accumuler les lieues

Qui séparent mes bras des immensités bleues. »

Ces vers sont formés de manière classique, c’est-à-dire en rimes (les vers sont organisés en paires, la fin de l’un rimant avec celle de l’autre) et en pieds (le nombre de syllabes est le même pour chaque vers – ici, par exemple, douze : c’est ce qu’on nomme un alexandrin). En outre, chaque vers comporte une majuscule.

Le vers libre

Ce carcan est trop rigide pour la créativité de certains auteurs. C’est ainsi qu’est apparu le vers libre, qui conserve les sauts de ligne, mais se départit de tout le reste. Par exemple, ici, cet extrait de Howl d’Allen Ginsberg (traduit de l’anglais) :

« J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés

hystériques nus,

se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre,

initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo

étoilée dans la mécanique nocturne,

qui pauvreté et haillons et œil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans

l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet

des villes en contemplant du jazz, »

NOTRE DOSSIER LANGUE FRANÇAISE

Le vers est-il obligatoire en poésie ?

Pas nécessairement. La poésie en prose existe. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un texte littéraire qui privilégie l’effet poétique à la narration d’un récit. Cet exercice est plus rare que le poème en vers, mais de grands auteurs s’y sont frottés, comme Rimbaud dans cet extrait d’Illuminations :

« Sur la pente du talus, les anges tournent leurs robes de laine, dans les herbages d’acier et d’émeraude.

Des prés de flammes bondissent jusqu’au sommet du mamelon. À gauche, le terreau de l’arête est piétiné par tous les homicides et toutes les batailles, et tous les bruits désastreux filent leur courbe. Derrière l’arête de droite, la ligne des orients, des progrès. »