Définition : D’où vient l’expression « shlag » ?
Français•Le terme « shlag » (ou « schlag ») a des origines aussi mystérieuses que fascinantes. Explorons-les ensembleFrédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
- En argot jeune « shlag » signifie « sale » ou « paumé ».
- Auparavant, le « schlague » désignait une peine disciplinaire dans l’armée.
- Le terme vient de l’allemand, mais le passage d’un sens à l’autre demeure mystérieux.
L’argot est un dialecte encore plus imprévisible que la langue qui l’abrite. Ainsi, la signification d’un mot peut parfois dériver de manière incongrue. C’est le cas du « shlag » qu’emploient vos marmots, qui n’a rien à voir avec le « schlague » de vos parents.
Un mot allemand
Chez nos voisins germaniques, « schlag » désigne un coup porté. Un mot pas beau pour un geste moche, quoi (parce que, oui : si on ne vous l’a pas enseigné à l’école, frapper son prochain, c’est vraiment pas bien).
Un mot français
Au XIIIe siècle, c’est-à-dire il y a longtemps, le mot « schlag » a traversé le Rhin pour s’établir en France. Pour s’intégrer à notre noble civilisation, il a décidé d’adopter la terminaison « gue », plus acceptable qu’un simple « g ». C’est ainsi que « schlag » devint « schlague »
Un mot militaire
Déjà en Allemagne, « schlag » était employé dans l’armée à propos d’une forme de châtiment corporel infligé aux soldats indisciplinés, à savoir des coups de baguette sur le dos. La noble armée française se saisit du mot comme de l’habitude qu’il désignait, et c’est ainsi qu’on y « donnait » ou « recevait » le schlague.
Un mot mutant
Quelque part au tournant du millénaire, le terme quitta les casernes et se répandit sur le territoire. D’abord populaire dans la « téci », il se retrouva finalement dans toutes les cours de lycées. Comment est-ce arrivé ? Mystère et boule de gomme, mais en chemin, sa signification avait totalement changé.
NOTRE DOSSIER LANGUE FRANÇAISEUn mot « d’jeun’s »
C’est ainsi que, depuis une vingtaine d’années peu ou prou, un « shlag » (ou « schlag », selon les sources) est un individu négligé, peu recommandable, voire méprisable, à l’hygiène corporelle douteuse et qui abuse volontiers de l’alcool ou d’autres drogues. Quel rapport avec les coups de bâtons ? Aucun a priori. On a bien cherché une étymologie alternative, un mot dérivé de l’anglais, de l’arabe, du romani peut-être… mais aucune autre langue que l’allemand ne semble contenir le germe du terme.
Et c’est tout ce qu’on vous en dira, parce que c’est tout ce qu’on en sait…
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