Définition : D’où vient l’expression « avoir un poil dans la main » ?
Français•Si vous connaissez la locution « avoir un poil dans la main », vous vous êtes probablement déjà demandé d’où elle vient. Nous aussi et voici ce qu’on a trouvéFrédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
- L’expression signifie « être paresseux ».
- Son origine exacte est incertaine.
- Son sens a évolué au fil des siècles.
Comment dénicher l’origine d’une locution ? Avec un peu d’huile de coude, pardi ! On vous a déjà parlé de l’étymologie controversée du mot « travail » et de l’orthographie schizophrénique du terme « fainéant », Aujourd’hui, on se penche sur la pilosité des flemmards puisque, c’est bien connu, ils ont un poil dans la main.
1656 : la première occurrence
On ne va pas vous raconter d’histoires : aucun linguiste n’a encore déniché l’origine exacte de l’expression « avoir un poil dans la main ». Elle est attestée dès 1656, dans l’ouvrage L’Étymologie ou explication des proverbes françois, sauf que l’auteur, Fleury de Bellingen, lui donne un sens totalement différent de celui d’aujourd’hui, à savoir l’équivalent du « quand les poules auront des dents » actuel (en gros, « il me poussera du poil dans la main avant que telle chose improbable se produise »).
1808 : la seconde occurrence
Après ça, aucune trace de l’expression avant 1808, lorsqu’elle réapparaît dans le Dictionnaire du bas-langage de Charles-Louis D’Hautel, cette fois-ci avec la signification qu’on lui connaît aujourd’hui, à savoir « être disposé à ne rien faire, se laisser gagner par l’oisiveté ». Que s’est-il passé entre 1656 et 1808 ? Mystère et boule de gomme.
L’hypothèse du glissement
On peut se risquer à l’hypothèse du glissement sémantique. Si l’expression servait au départ à se moquer des promesses de quelqu’un (par exemple : « Tu me rembourseras quand un poil me poussera dans la main »), il n’est pas fou d’imaginer que celui qui néglige ses engagements ait été assimilé à un paresseux, puis désigné comme celui qui a le poil dans la main.
NOTRE DOSSIER LANGUE FRANÇAISEL’hypothèse dominante
Le consensus actuel, quoique tout aussi hypothétique, est que celui qui ne travaille pas ne s’use pas les poils des paumes, quand celui qui bosse dur les perdrait tous à force d’user de ses mains. Certes, en 1808, la plupart des métiers étaient manuels, mais cette hypothèse ne tient pas vraiment debout : la paume de la main est l’une des rares parties du corps où les poils ne poussent jamais, chez personne. Travailler ou non n’y changera donc rien.
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