C’est « la faute à » ou « la faute de » : Que faut-il écrire ?
Français•À qui la faute si l’on fait parfois des fautes de langue ? Dans ce cas précis, c’est la faute « à » Victor Hugo. ExplicationsFrédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
- La tournure « c’est la faute à Voltaire » a été popularisée par Victor Hugo.
- Il l’a toutefois empruntée à d’autres auteurs antérieurs.
- Il fut un temps où cette tournure était correcte, mais elle ne l’est plus.
Tout le monde connaît la comptine : « Je suis tombé par terre/C’est la faute à Voltaire/Le nez dans le ruisseau/C’est la faute à Rousseau… » On pourrait croire qu’elle est apparue dans les cours de récréation, mais pas du tout. Sa popularité a en tout cas contribué à maintenir une formulation archaïque dans le langage courant. Explications.
Histoire d’une comptine
Si cette comptine est si connue, c’est parce que le personnage de Gavroche la chantonne dans le célèbre roman Les Misérables de Victor Hugo. D’ici à croire que le grand écrivain l’a inventée, il n’y a qu’un pas, mais non : elle est dérivée du travail d’autres auteurs. On la retrouve, par exemple, dans un pamphlet antirévolutionnaire de 1817 (« S’ils entrent par-derrière/C’est la faute à Voltaire. ») et, avant cela, dans un texte antireligieux de l’auteur suisse François Chaponnière (« Si le diable adroit et fin/À notre première mère/Insinua son venin/C’est la faute à Voltaire. »). Notez que même si ces textes ont des objectifs tout à fait différents, ils évoquent tous Voltaire et Rousseaux, alors considérés comme en grande partie responsables de la Révolution française.
NOTRE DOSSIER LANGUE FRANÇAISEHistoire d’une faute de langue
Bon, mais du coup, si Victor Hugo le dit, ça ne peut être que correct, non ? Eh bien, pas du tout. S’il est vrai qu’en vieux français, il était commun d’exprimer l’appartenance par la préposition « à », cet usage est formellement déconseillé par l’Académie française, qui préconise la tournure « c’est la faute de Voltaire » (ou de qui vous voulez, selon l’auteur du crime). Exceptions tolérées : les tournures « ce n’est pas leur faute, à [eux] » ou « à qui la faute ? » Maintenant que ce point est tranché, va-t-on au coiffeur ou chez le coiffeur ? La réponse ici.