Arrestation de Mohamed Amra : Onze complices mis en examen... Neuf ont été écroués
ENQUÊTE•Avec 19 gardes à vue encore en cours et des arrestations à l’étranger, l’enquête vise à identifier tous les acteurs et leurs rôles après l'évasion meurtrière du 14 mai 202420 Minutes avec AFP
L’étau judiciaire se resserre autour du réseau de Mohamed Amra, dont l’évasion spectaculaire en mai 024 avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires. Après l’incarcération du narcotrafiquant en début de semaine dans une prison ultra-sécurisée, plusieurs de ses complices présumés ont été mis en examen et écroué ce jeudi par des juges d’instruction parisiens spécialisés.
Dès la mi-journée, onze suspects ont commencé à être présentés aux magistrats de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée. A 17 heures, plusieurs d’entre eux avaient été mis en examen, soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’organisation de l’évasion ou la fuite de Mohamed Amra. Les neuf hommes ont été incarcérés, dont au moins quatre placés à l'isolement, et les deux femmes ont été placées sous contrôle judiciaire
Des rôles variés pour les protagonistes
Parmi eux, certains auraient assuré la surveillance du départ du fourgon pénitentiaire depuis Rouen, participé à l’attaque du convoi ou encore récupéré des échelles télescopiques quelques jours avant l’opération. « Mon client n’a jamais eu de contact avec les instigateurs de l’évasion », a réagi Me Nabil Boudi, avocat de l’un des suspects. « Cette mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle n’est pas justifiée », a-t-il ajouté, appelant la justice à ne pas instruire cette affaire « sans discernement », malgré l’émotion suscitée par le drame.
La procédure, qualifiée de « complexe et touffue » par des sources proches du dossier, repose en grande partie sur l’analyse des télécommunications. Au total, 28 personnes ont été placées en garde à vue en France, un chiffre réduit à 19 jeudi soir. De nouvelles mises en examen pourraient intervenir vendredi. Par ailleurs, trois arrestations ont eu lieu à l’étranger : deux au Maroc et une en Espagne, avec des procédures d’extradition en cours.
Une équipe aux profils diversifiés
Si certains mis en cause sont soupçonnés d’avoir directement participé à l’attaque meurtrière du convoi pénitentiaire, d’autres auraient joué des rôles secondaires mais stratégiques. « M. Amra a su recruter une équipe de fidèles, qui ont eux-mêmes recruté des spécialistes : vol de véhicules, maquillage, téléphonie… Chacun a eu son rôle dans cette fuite », a précisé Laure Beccuau, procureure de Paris, lors d’une interview, mercredi soir, sur France 5.
Retrouvez sur nos articles sur l'affaire Mohamed AmraElle a également confirmé que plusieurs suspects étaient liés à la « Black Mafia Family », aussi appelée « Black Manjak Family », un groupe criminel actif en Normandie et impliqué dans le trafic de stupéfiants. Enfin, la plupart des suspects déjà présentés à la justice ont des antécédents judiciaires, confirmant le caractère organisé et méthodique de l’opération. Reste à savoir si l’enquête permettra d’identifier tous les commanditaires et d’établir les responsabilités exactes de chacun dans cette évasion qui restera l’une des plus marquantes de ces dernières années.