Gironde : Quelque 22 victimes marocaines ont porté plainte contre un couple, poursuivi pour traite des êtres humains
esclavagisme•Le 10 février 2025, un couple suspecté d’être à la tête d’un réseau de traite d’êtres humains sera jugé devant le tribunal correctionnel à Bordeaux. 22 victimes d’origine marocaine ont déposé plainte contre luiE.P.
L'essentiel
- Un couple d’origine marocaine sera jugé à Bordeaux en 2025 pour traite d’êtres humains et travail dissimulé, après que 22 victimes ont porté plainte fin 2023.
- Les victimes, recrutées au Maroc, devaient payer 12.000 euros pour venir en France où elles étaient exploitées et logées dans des conditions insalubres.
- Le couple utilisait des menaces contre les familles restées au Maroc pour maintenir son emprise, laissant les victimes « très affectées psychologiquement et physiquement compte tenu des éléments recueillis par les enquêteurs ».
Amal et Chahid, un couple d’origine marocaine, seront jugés le 10 février 2025 par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour traite d’êtres humains, travail dissimulé et emploi d’un salarié étranger démuni d’autorisation de travail. Fin 2023, 22 victimes d’origine marocaine ont déposé plainte contre lui et les enquêteurs ont mis à jour un réseau « très structuré et craint par les victimes » pointe le parquet de Bordeaux ce vendredi, dans un communiqué.
Dans l’attente de leur procès, le couple a été placé en détention provisoire tandis que ses complices, trois hommes de main, ont été placés sous contrôle judiciaire.
12.000 euros pour venir en France
Recrutées au Maroc, les personnes, à qui le couple faisait miroiter de bons salaires, devaient débourser 12.000 euros avant d’arriver en France. « Sur place, ils dénonçaient avoir travaillé en étant rémunérés de façon aléatoire – et sans commune mesure avec les promesses formulées au recrutement – et avoir été hébergés dans des logements insalubres », synthétise le parquet.
ffectées à du travail saisonnier, elles étaient logées dans des taudis, dans le Lot-et-Garonne. « Le couple les obligeait de surcroît à payer les frais de carburant et d’autoroute pour se rendre sur les lieux d’emplois, ainsi qu’un loyer, non prévu dans le "contrat" de départ », pointe le parquet.
Des menaces sur leurs familles restées au Maroc
Lorsque les saisonniers n’acceptaient pas leur sort et demandaient à être payés ou refusaient d’avancer les frais de carburant, les trois frères de Chahid étaient chargés de les menacer de s’en prendre aux familles restées au Maroc. « En réalité, dépourvus de toute autorisation de travail en France, menacés et maltraités, les victimes apparaissaient très affectées psychologiquement et physiquement compte tenu des éléments recueillis par les enquêteurs », relate encore le parquet.
Malgré les dénégations du couple, les aveux des trois « hommes de main » ont permis de corroborer les faits dénoncés par les victimes.
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