procèsDébut du procès du féminicide de Stéphanie tuée devant sa fille de 3 ans

Féminicide à Hayange : Le procès du meurtrier de Stéphanie, massacrée devant sa fille de 3 ans, s’ouvre

procèsUn homme de 26 ans, accusé d’avoir tué, à Hayange (Moselle), sa compagne sous les yeux de leur enfant, est jugé à partir de mardi aux assises de Metz
20 Minutes avec AFP

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C’est un procès cauchemardesque qui s’ouvre ce mardi aux assises de Metz. Celui d’un homme de 26 ans accusé d’avoir tué sa compagne sous les yeux de leur enfant. Un meurtre particulièrement sordide qui avait généré une polémique autour du rôle joué par la justice et la police.

Dans la nuit du 23 au 24 mai 2021, une violente altercation oppose l’accusé, à la victime à leur domicile de Hayange, ancienne cité industrielle du nord du département. La victime, Stéphanie Di Vincenzo, 22 ans, s’échappe par la fenêtre, affaiblie et ensanglantée. Plusieurs témoins la voient courir en direction du poste de police, situé à 40 mètres du domicile. Mais le commissariat est fermé… L’accusé, qui avait arraché la veille son bracelet électronique sans que cela déclenche l’alarme, la rattrape dans la rue. Il lui assène plusieurs coups de couteau, devant des voisins et sous les yeux de leur fille de 3 ans. Il jette ensuite dans une poubelle son arme de 25 centimètres et s’enfuit.

A leur arrivée, les secours ne peuvent que constater que Stéphanie Di Vicenzo gît dans une mare de sang. « Dix plaies par arme tranchante et coupante » sont constatées, dont « cinq plaies profondes dans la région cervicale ».

Les forces de l’ordre étaient déjà intervenues dix fois

Entre janvier 2018 et novembre 2020, les forces de l’ordre étaient intervenues dix fois au domicile du couple. Stéphanie Di Vincenzo souhaitait quitter son compagnon, décrit par des témoins comme « extrêmement violent, alcoolique et jaloux ». La jeune femme avait déposé plainte contre lui en novembre 2020, mais elle n’aurait pas été signalée au parquet. Alors procureur de la République de Metz, Christian Mercuri avait réfuté, au lendemain du drame, tout « dysfonctionnement des services judiciaires », en reconnaissant néanmoins que « dans un monde idéal », des plaintes déposées par la victime à l’encontre de son conjoint violent auraient dû être signalées au parquet.

Une mission d’inspection avait été lancée par les ministres d’alors : Gérald Darmanin (Intérieur), Éric Dupond-Moretti (Justice) et Marlène Schiappa (Citoyenneté). Dans ses conclusions, rendues quelques semaines plus tard, la mission ne relevait « aucun manquement professionnel dans les décisions prises avant le meurtre, tous les intervenants s’étant mobilisés normalement dans le champ de leurs compétences ». « L’attitude souvent déroutante de ce couple, aux confrontations suivies, parfois dans la foulée, de réconciliations, a pu conduire à une banalisation de cette situation par les services de police », était-il écrit.

« Dysfonctionnement » du bracelet électronique

Une voisine du couple, Stéphanie B., 51 ans, sera aussi jugée pour des faits de « soustraction d’un criminel à l’arrestation ou aux recherches ». L’homme avait en effet été retrouvé chez elle au lendemain des faits. Elle avait demandé à ses filles de ne rien dire sur la présence de celui qu’elle ne voyait pas comme un meurtrier mais comme « son petit voisin ».

Selon plusieurs témoignages, elle entretenait « une relation particulière avec l’accusé, peut-être amoureuse, et elle serait allée jusqu’à dénoncer l’adultère de Stéphanie Di Vincenzo » à son compagnon, écrit la juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi, dont l’AFP a pris connaissance. Il semble ressortir de l’enquête que c’est parce que l’accusé avait appris que sa compagne fréquentait un autre homme que lui se serait emporté ce soir-là. Des confidences qui lui auraient justement été rapportées par Stéphanie B. quelques jours plus tôt.

Réfugié politique d’origine serbe, l’accusé avait déjà été condamné à un an de prison pour divers délits routiers. Il avait bénéficié d’un aménagement de peine et d’un placement en détention à domicile sous surveillance électronique avec bracelet le 12 mai 2021, quelques jours avant les faits. Mais selon le rapport d’inspection, ce bracelet électronique avait souffert d’un « dysfonctionnement inexpliqué » dans la mesure où, bien qu’ayant été arraché, il n’avait déclenché « aucune alarme au centre de surveillance ».

Le prévenu encourt cette fois la perpétuité et le verdict est attendu vendredi.