Céleste violée et tuée à Nantes : Repérage, javel… Le mode opératoire d’un « prédateur aguerri »
procès•Depuis ce vendredi, un homme de 50 ans, récidiviste, est jugé par la cour d’assises de Loire-Atlantique pour avoir violé et tué une adolescente de 15 ans, en août 2020 à NantesJulie Urbach
L'essentiel
- Céleste, 15 ans, est morte le 20 août 2020 en allant chercher un colis. Elle a été violée et étranglée tout près de chez elle, dans un immeuble désaffecté de Nantes.
- Quatre ans plus tard, le procès de l’accusé, un récidiviste de 50 ans, se tient devant la cour d’assises de Loire-Atlantique depuis ce vendredi. L’homme, qui avait été relâché en 2014, a reconnu « l’intégralité » des faits et le scénario du drame se précise.
Sur les bancs rouges du public de la cour d’assises de Loire-Atlantique, beaucoup de jeunes gens de 19 ou 20 ans peut-être. L’âge qu’aurait eu Céleste si elle n’avait pas croisé la route de François Vergniaud, un après-midi d’août 2020 à Nantes. L’adolescente, dont le visage souriant s’affiche sur des tee-shirts blancs portés par ses proches, a été violée et tuée par un inconnu, qui l’avait abordée dans la rue pour lui demander de l’aide pour porter un carton. C’est ce meurtre, terrible, qui va occuper la cour d’assises pendant cinq jours.
Interrogé sur cette « pulsion »
Elle a commencé par se pencher sur la personnalité du suspect, un récidiviste de 50 ans habitant près d’Ancenis, et déjà condamné pour plusieurs faits de viols, avec le « même mode opératoire ». Pourquoi se trouvait-il là ? Pourquoi est-ce tombé sur cette ado de 15 ans, décrite par ses parents comme « douce », « prudente », voire « méfiante », sortie quelques minutes pour aller chercher un colis ?
L’homme aux cheveux grisonnants, engoncé dans une veste marron, s’expliquera dans les prochains jours sur les faits qu’il a reconnus « dans leur intégralité » d’une voix faible, lors de ses premiers mots ce vendredi matin. Il sera aussi sûrement interrogé sur cette « pulsion » survenue quelques jours avant, qu’il dit avoir cherché à assouvir en se rendant à Nantes, sans téléphone. S’il a rapidement reconnu avoir voulu agresser la jeune Céleste, qui habitait à 150 mètres à peine des lieux du drame, il a cependant nié l’intention de lui ôter la vie.
Laver sa victime à l’eau de javel de la tête aux pieds
Ce que les enquêteurs ont établi, c’est que l’accusé, un homme croyant, en couple depuis plusieurs années et dont l’enfance n’a pas été marquée par quelconque violence, s’était rendu sur place deux jours avant pour repérer les lieux. Le surlendemain, cet individu « costaud » avait été aperçu faisant des allers-retours suspects entre un immeuble de la rue Adolphe-Moitié et son véhicule, une Jaguar, muni de gros sacs. Au fur et à mesure, le scénario du drame se précise, même si de nombreuses zones d’ombre persistent. Profitant d’une porte fracturée d’un immeuble désaffecté qui devait subir des travaux, il aurait attiré sa victime qui passait par là dans l’arrière-cour, avant que celle-ci ne se débatte, sans qu’aucun voisin ne puisse les voir.
C’est là qu’il l’aurait forcée à monter au deuxième étage du bâtiment inoccupé avant de lui attacher les mains et les jambes, et lui annoncer son intention de l’agresser sexuellement. Malgré les paroles de la jeune femme qui aurait essayé de le raisonner, l’homme lui aurait fait subir des attouchements jusqu’à une « pénétration violente ». Pour stopper ses cris, il lui aurait serré le cou, avant de laver sa victime à l’eau de javel de la tête aux pieds.
Afin de tenter d’effacer encore davantage de traces, il est aussi soupçonné d’avoir allumé deux feux sur les lieux du crime. C’est à l’arrivée des pompiers que le corps de la jeune Céleste, en partie dénudé et dont l’autopsie dira plus tard qu’elle est morte par asphyxie, avait été retrouvé. L’ADN isolé sur son corps permettra l’interpellation du suspect, une semaine plus tard à son domicile. « Si cette fille n’était pas morte, il y en aurait eu d’autres […] Je suis un prédateur aguerri », aurait dit, lors d’une audition, l’accusé au directeur d’enquête, appelé à la barre ce vendredi.
« Ce procès ne doit pas être un énième fait divers »
Car dans ce procès, impossible d’oublier que François Vergniaud a été condamné à dix-huit ans de réclusion pour neuf faits de viols trois tentatives de viols et une agression sexuelle commis entre 2001 et 2003, avec le même scénario, mais sans avoir donné la mort. Relâché en 2014 après une dizaine d’années d’incarcération, il avait depuis repris sa vie, passé un nouveau diplôme dans le domaine agricole, et acheté une maison avec sa compagne, sa « première relation sentimentale », qui continue à lui rendre visite au parloir.
Alors que son suivi sociojudiciaire était respecté et qu’il était pris en charge psychologiquement, ce procès est-il aussi celui de la récidive ? « Les parents ont été très dignes pendant ces quatre ans, mais maintenant que le temps de la parole est venu, ils espèrent que Céleste n’est pas morte pour rien, réagit l’avocat de la famille, Me Charles Philip. Ce procès ne doit pas être un énième fait divers mais avoir une résonance sur le reste de la société. Sur la question de la récidive bien sûr, mais aussi celle du viol. » L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.