AssisesCondamné à 28 ans de prison pour avoir tué sa femme

Seine-Saint-Denis : L’homme qui avait tué sa femme sous protection judiciaire condamné à 28 ans de prison

AssisesBouchra Bouali avait été tuée en novembre 2021 à Epinay-sur-Seine alors qu’elle vivait dans la peur de croiser Khalid Fahem, son compagnon tout juste libéré de prison
Le 23 octobre, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). La façade du palais de justice de Bobigny. Illustration
Le 23 octobre, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). La façade du palais de justice de Bobigny. Illustration - C. Follain
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La victime avait été poignardée à 16 reprises en bas de chez elle. Un homme de 54 ans a été condamné vendredi par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis à 28 ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa femme, sous protection de la justice, en 2021, à Epinay-sur-Seine.

Au terme de plus de quatre heures de délibération, la cour a déclaré Khalid Fahem coupable du meurtre de Bouchra Bouali, le 26 novembre 2021, neuf jours après sa sortie de prison où il purgeait une peine pour violences conjugales. Ce féminicide annoncé avait « bouleversé » la justice qui n’avait pas su l’empêcher, conduisant à l’adoption de nouveaux protocoles.

« J’ai pas fait exprès, les coups sont partis comme ça »

A l’audience, Khalid Fahem n’a pas su expliquer son geste mais a juré qu’il ne comptait pas tuer son ex-femme. L’accusé de 54 ans, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, a débuté son interrogatoire de trois heures par des excuses à ses filles et à la famille de la victime. « Je ne sais pas ce qui m’a pris et je regrette vraiment. Je demande encore pardon. J’ai honte, j’ai pas les mots… je suis un criminel », a déclaré cet ancien videur de boîte de nuit.

Pourtant le jour des faits cet homme, condamné pour violences conjugales, achète un couteau avec une lame de 20 cm, l’aiguise et s’approche de son ancien domicile d’Epinay-sur-Seine. Il attend pendant deux heures le retour de son ex-femme. Lorsqu’elle arrive au pied de la tour, il sort de la voiture, s’en approche et l’agrippe par le bras pour « parler ». Ecouteurs aux oreilles, en état de choc, Bouchra Bouali cherche son taser pour se défendre. Les coups de couteau fusent, la plupart dans le dos.

« Pourquoi vous donnez ces coups ? », l’a interrogé Mahrez Abassi, le président de la cour. « Je sais pas, j’ai pas fait exprès […] je sais même pas ce qu’il se passe […] les coups sont partis comme ça », a bredouillé l’accusé dans de grands gestes.

Une libération anticipée

Détentrice d’un « téléphone grave danger », qui permet de déclencher l’intervention rapide des forces de l’ordre, Bouchra Bouali vivait dans la peur. Le 26 novembre, elle ignore qu’il avait bénéficié d’une libération anticipée.

Son meurtre a amené le ministère de la Justice à prendre un mois plus tard un décret ordonnant aux autorités d’informer systématiquement les victimes de violences conjugales de la sortie de détention d’un conjoint violent et de s’interroger sur les mesures de protection à prendre.