Double assassinat au Guatemala : Avant le verdict, l’ex-fugitif Thierry Ascione répète qu’il est « accusé à tort »
tribunal•Le Français de 65 ans est soupçonné d’avoir été le complice de l’assassinat d’un couple de Français au Guatemala il y a plus de trente ans20 Minutes avec AFP
«Ce qui m’a toujours le plus déplu c’est d’être accusé à tort », a lancé Thierry Ascione, en cavale pendant plus de 20 ans, soupçonné d’avoir été le complice de l’assassinat d’un couple de Français au Guatemala il y a plus de trente ans. Avant que la cour se retire pour délibérer, il a nié une dernière fois vendredi devant la cour d’assises de Paris être impliqué dans ce crime.
Fidèle à son habitude, Thierry Ascione, 65 ans, a profité des derniers mots accordés à l’accusé dans un procès d’assises pour se livrer à un monologue, souvent décousu, d’une trentaine de minutes. « On met tout ce que j’ai fait en doute », a-t-il déploré en rappelant que durant sa cavale en Amérique centrale puis en Asie, entre 2000 et 2021, il avait « créé des sociétés ».
L’œuvre de narcotrafiquants, selon lui
Il a dénoncé une enquête bâclée répétant que, selon lui, l’assassinat de Bernard Béreaud et Marie-Antoinette Perriard, propriétaires de deux restaurants réputés de la capitale du Guatemala, dans la nuit du 27 au 28 décembre 1991, était l’œuvre de narcotrafiquants.
La DEA (l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogue) aurait mis sur écoute un salon d’un des restaurants du couple Béreaud-Perriard où les trafiquants et des militaires de haut rang avaient leurs habitudes, a-t-il dit à l’audience. L’assassinat du couple, dont les corps ont été retrouvés atrocement mutilés, serait une vengeance des trafiquants de drogue, selon Thierry Ascione.
Un chèque de 80.000 dollars
« Mais le juge d’instruction (Gilbert Thiel, chargé de l’affaire après la première arrestation d’Ascione en septembre 1995) n’a pas voulu suivre cette piste », a regretté l’accusé, debout dans son box, chemise blanche ouverte sur un maillot rose pâle.
Egalement poursuivi pour escroquerie, il a notamment encaissé, quelques jours après le double homicide, un chèque de 80.000 dollars sur un compte de Bernard Béreaud dans une banque de Miami. Thierry Ascione - qui reconnaît ces faits - a regretté ne pas avoir dit tout de suite la vérité sur cet aspect de l’affaire.
« Je ne sais pas qui a tué les victimes »
« Je n’ai pas pensé aux familles des victimes. Je suis désolé d’avoir fait perdurer cette histoire », a-t-il dit. « Bien sûr, ça doit être absolument insupportable quand on attend une réponse après 33 ans. Mais je ne sais pas qui a tué les victimes et vous devez admettre que vous non plus », a estimé son avocate, Me Margaux Durand-Poincloux.
La complicité d’assassinat est passible de la réclusion criminelle à perpétuité. L’escroquerie est passible de cinq ans de prison. L’avocat général a requis quinze ans de réclusion criminelle contre Thierry Ascione. Les conseils de Thierry Ascione ont pour leur part plaidé l’acquittement. Le verdict est attendu dans la soirée.