ViolencesLa prof frappée par une élève voilée à Tourcoing est « sous le choc »

Tourcoing : La prof frappée par une élève voilée est « encore sous le choc »

ViolencesAbsente à l’audience de comparution immédiate qui se tenait ce mercredi, l’enseignante agressée du lycée Sévigné n’a pas repris le travail selon son avocat
L'agression de la professeure s'est déroulée au lycée Sévigné, à Tourcoing. (illustration)
L'agression de la professeure s'est déroulée au lycée Sévigné, à Tourcoing. (illustration) - Google street view
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Le procès de la lycéenne de Tourcoing accusée d’avoir frappé une enseignante qui lui demandait de retirer son voile islamique a été reporté au mois de décembre.
  • Placée sous contrôle judiciaire, la jeune fille de 18 ans a reconnu les violences mais conteste les menaces de mort proférées à l’encontre de la professeure.
  • La victime, elle, a reçu trois jours d’ITT selon son avocat, lequel assure que sa cliente est toujours sous le choc après son agression.

Warda H. devait être jugée, ce mercredi, en audience de comparution immédiate pour des violences et des menaces commises, lundi, à l’encontre d’une enseignante qui lui avait demandé de retirer le voile islamique qu’elle portait dans l’enceinte du lycée Sévigné, à Tourcoing. Si le jugement a été reporté à la demande de la mise en cause, la professeure, partie civile, était toutefois absente.

« Si ma cliente n’est pas présente aujourd’hui, c’est parce qu’elle est sous le choc », a déclaré Me Eric Cattelin-Denu, l’avocat de Frédérique H., l’enseignante agressée. Les coups assénés par la prévenue lui ont laissé des stigmates sous la forme d’ecchymoses et de « rougeurs sur le visage », suffisant pour que le médecin légiste prescrive à la victime trois jours d’ITT. Cette dernière n’a d’ailleurs pas encore repris le travail, les cours au lycée Sévigné étant de toute façon toujours suspendus depuis l’agression.

« Dès qu’on oppose une réaction, on est victime de violences »

D’avantage que les marques physiques, c’est le geste de cette élève qui a marqué Frédérique H. selon son avocat. « Ma cliente ne faisait que demander le respect du principe de laïcité », explique Me Cattelin-Denu. « Mais dès qu’on oppose une réaction, on est victime de violences », déplore-t-il. L’avocat craint aussi des représailles, affirmant que le nom de sa cliente a été diffusé sur les réseaux sociaux.

Warda H., elle, est bien présente à l’audience puisqu’elle comparait sous escorte après sa sortie de garde à vue. Veste blazer noire sur une chemine blanche, cheveux rassemblés en chignon, elle ne porte au visage aucune trace de la gifle rendue par sa victime. « Je souhaite un délai s’il vous plaît », confirme-t-elle à la présidente du tribunal qui évoque une demande de report formulée par son avocat, Me Ossama Dahmane.

« Si tu me prends en photo, je vais te cramer »

La jeune fille ne conteste pas les faits, du moins pas les violences. En revanche, elle nie avoir menacé la victime en lui disant « si tu me prends en photo, je vais te cramer ». Majeure depuis quelques mois seulement, Warda H. n’a jamais eu de problème avec la justice, « c’est sa première garde à vue », plaide son avocat, regrettant que l’affaire suscite un tel battage médiatique.

La lycéenne, en bac pro « métiers de l’accueil », semble tout de même regretter son geste : « Je suis désolée des coups que j’ai mis à la professeure », lâche-t-elle à la présidente. « J’espère que ça va bien se passer », ajoute Warda H. sans préciser si sa phrase était destinée à elle-même ou a sa victime. Son renvoi accepté, elle sera jugée le 11 décembre prochain. En attendant, elle doit se soumettre à un contrôle judiciaire lui interdisant notamment d’approcher de son lycée et de contacter la victime.