Evry : La greffière du tribunal donnait des informations aux suspects, elle est interdite d’exercer
JUSTICE•En poste depuis octobre 2023 au service du juge des libertés et de la détention d’Evry, la jeune femme avait alerté en janvier une amie proche qu’elle et son petit ami étaient sur écoute20 Minutes avec AFP
Elle est suspectée d’avoir révélé à une amie que cette dernière et son petit ami étaient sur écoute dans un dossier de stupéfiants. Une greffière du tribunal d’Evry (Essonne) a été condamnée vendredi par la cour d’appel de Paris à cinq ans d’interdiction d’exercer son métier. En première instance, fin mars, le tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne) avait condamné cette jeune femme, qui avait alors 26 ans, à la même interdiction pour une durée de 18 mois.
Cette greffière était jugée pour révélation d’information sur une enquête pour crime ou délit à une personne susceptible d’y être impliquée. Vendredi, la cour d’appel a décidé d’inscrire cette condamnation au volet de son casier judiciaire consultable par les autorités administratives, mais également par certains employeurs.
« Sabotage de l’action de la police et de la justice »
En poste depuis octobre 2023 au service du juge des libertés et de la détention d’Evry, la jeune femme avait alerté en janvier une amie proche qu’elle et son petit ami étaient sur écoute. Cette dernière en avait alors informé au téléphone son compagnon, soupçonné d’être un acteur important du trafic de drogues à Evry, ce qui avait permis aux enquêteurs de détecter la fuite.
« Nous nous réjouissons que la cour n’ait pas suivi les réquisitions d’emprisonnement » avec sursis, a réagi auprès de l’AFP Me Saïd Harir, conseil de la jeune femme. Le ministère public avait réclamé 18 mois d’emprisonnement avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer pour ce qu’il avait qualifié pendant l’audience de « sabotage de l’action de la police et de la justice ».
Quatre heures de cours de déontologie
Me Harir avait pour sa part rappelé que les deux suspects, le compagnon de l’amie et son frère, avaient déjà été condamnés et que l’enquête les concernant avait pu être menée à bien. Selon lui, la formation de greffier, que la prévenue avait suivie en grande partie à distance en raison des confinements liés au Covid-19, n’incluent que quatre heures de cours de déontologie. « Je suis persuadé qu’on ne lui a pas dit qu’il y a un intérêt général qui prend le pas sur les intérêts privés » avant l’audience, avait-il plaidé.
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