Landes : Vingt ans de prison pour une grand-mère qui avait voulu tuer ses petits-enfants
JUGEMENT•La cour d’assises des Landes a condamné jeudi une grand-mère de 63 ans à vingt ans de prison pour avoir tenté d’assassiner ses petits-enfants et son compagnon20 Minutes avec AFP
La cour d’assises des Landes, à Mont-de-Marsan, a condamné une sexagénaire à vingt ans de prison pour avoir tenté d’assassiner ses deux petits-enfants et son compagnon dans l’incendie volontaire d’une maison à Habas. Cette peine a été notamment assortie d’un suivi sociojudiciaire de cinq ans avec obligation de soins et de l’interdiction d’entrer en contact avec les trois victimes.
Dans la nuit du 14 au 15 avril 2021, cette grand-mère de 63 ans avait administré à ses deux petits-enfants qu’elle gardait au domicile de son compagnon, et à celui-ci, des calmants mélangés à la soupe du dîner, avant de mettre le feu au pavillon. Les trois victimes, ainsi que l’accusée, intoxiquées, avaient pu être sauvées in extremis grâce au système de télésurveillance installé dans la maison.
Alors même que l’électricité avait été coupée, la batterie de secours de l’appareil avait permis d’alerter un agent de la société de télésurveillance qui avait tenté d’appeler sans succès le compagnon de l’accusée - déjà inconscient - puis son entourage. Sur la base d’images, l’entreprise avait prévenu la préfecture, laquelle avait ensuite déclenché l’intervention des pompiers.
La préméditation retenue par la cour
Dans la motivation de son verdict, la cour a retenu la « préméditation » soutenue par l’accusation. « Il y a eu l’achat de Temesta, un calmant prescrit par un médecin qui n’était pas le sien deux jours avant les faits. Il y a bien eu trois départs de feu distincts, il y a eu recours à des accélérateurs de feu, et, c’est effroyable, au cas où les deux bidons d’essence répandus partout dans la maison ne suffisent pas, elle est allée verser la bouteille de Martini par terre », a égrené Jean-François Dobeli, lors du réquisitoire.
Les médicaments, l’électricité coupée, le scotch collé sur le détecteur de fumée, tout cela « je l’ai fait mais je ne me vois pas le faire », a assuré l’accusée, frêle silhouette et cheveux gris relevés en un chignon impeccable.
« Je n’ai pas voulu les tuer »
Au sujet de ses deux petits-enfants, âgés de 10 et 12 ans à l’époque, l’accusée, qui a fondu en larmes, a assuré : « Je n’ai pas voulu les tuer. Il y a eu le déraillement total dans ma tête ». Selon quatre experts psychiatres, cette grand-mère a un profil « narcissique », « manipulateur », obsédé par le « contrôle », avec « tendance à la théâtralisation ».
Seule victime présente au procès, l’ex-compagnon, amputé à la jambe et « retrouvé comme un chien », « à même le sol » par les secours, avait ainsi raconté l’emprise exercée par l’accusée, jusqu’à être coupé de ses enfants. Cette nuit-là, l’accusée avait aussi viré la somme de 9.000 euros vers le compte de sa fille aînée, mère des deux enfants retrouvés gisant inconscients sur leur lit.
« Ce petit bout de femme de 40 kg ressemble à celles que nous avons dans nos familles […]. [Elle] n’est pas un monstre, pas une veuve noire, pas une ogresse », a plaidé son conseil, maître Thierry Sagardoytho, rétorquant à l’avocat de l’ex-conjoint qui avait qualifié l’accusée de « diablesse d’Habas ».