Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot face à cinq autres affaires de viols ou de meurtre non élucidées
Cold case•La police judiciaire enquête sur cinq affaires non élucidées entre 1994 et 2004 où la piste de Dominique Pelicot est envisagéeG.D.
Dominique Pelicot est loin d’en avoir fini avec la justice. Depuis un mois, le procès du septuagénaire, baptisé le « violeur de Mazan », et de 50 coaccusés continue de se tenir aux assises du Vaucluse, à Avignon. Tous sont accusés d’avoir participé à des viols sur Gisèle Pelicot placée sous l’empire de la soumission chimique.
Dans le même temps, des informations ne cessent de filtrer concernant d’autres enquêtes menées par la police judiciaire. Ainsi, non élucidées (cold case) dans lesquelles les enquêteurs nourrissent quelques suspicions concernant Dominique Pelicot, ex-agent immobilier. Des affaires qui s’ajoutent aux deux autres mises en examen dont l’accusé fait déjà l’objet. 20 Minutes fait le point.
Des agressions de femmes travaillant dans l’immobilier
Le point commun de toutes ces affaires réside dans le mode opératoire. Comme l’explique Le Parisien, le service des cold cases utilise un système d’analyse de la violence associée aux crimes (Salvac). Ce logiciel permet ainsi de relier de potentiels crimes en série. Les cinq affaires recensées par le logiciel concernent toutes l’agression sexuelle (dont une mortelle) de femmes travaillant dans des agences immobilières.
L’agresseur prend rendez-vous sous un faux nom et passe à l’acte dans l’agence ou dans un appartement, profitant de se retrouver seul avec l’agente immobilière. Ce fut le cas en février 1994 à Vannes, dans le Morbihan, avec Danielle H. (28 ans) et quelques jours plus tard à Valenciennes, dans le Nord avec Céline D. (26 ans). En septembre 1995, une autre Céline D. est violée à Rambouillet, dans les Yvelines.
Puis, c’est à Berre-l’Etang, dans les Bouches-du-Rhône, que Christine G. est retrouvée morte, dans son agence, en mai 2000. Enfin, en mars 2004, l’agression de Françoise L., également dans son agence, est interrompue par un témoin. Dans la plupart de ces affaires, un prélèvement ADN a été effectué.
Deux mises en examens et un couac
En 2010, l’année où il s’installe à Mazan avec sa femme Gisèle, Dominique Pelicot avait déjà eu affaire à la police, comme le révèle Midi Libre. Agé de 57 ans, il est interpellé en juillet dans un centre commercial de Seine-et-Marne, surpris en train de filmer sous les jupes des clientes avec une caméra miniature cachée dans un stylo.
Il s’en sortira avec une amende de 100 euros lors d’une discrète composition pénale. Or, à la suite de cette histoire, son ADN est prélevé et inscrit au fichier des empreintes génétiques (Fnaeg). Peu de temps après, son profil est reconnu dans une affaire de tentative de viol d’une jeune femme de 18 ans, à Villeparisis, également en Seine-et-Marne, lors d’une visite d’appartement, en 1999.
Pourtant, la justice ne jugera pas utile de rouvrir l’enquête qui avait abouti à un non-lieu en 2001. Il faudra attendre plus de vingt ans, en 2022, pour que Dominique Pelicot soit mis en examen dans cette affaire de tentative de viol sur E. B.. Une autre mise en examen a été prononcée, également en 2022, à l’encontre du retraité pour le viol et le meurtre de Sophie Narme, en 1991 à Paris. Agée de 23 ans, la jeune femme avait été, comme E. B., droguée par de l’éther, sous la menace d’une arme blanche, lors d’un faux rendez-vous pour visiter un appartement.
Combien d’affaires encore ?
D’autres criminels sont connus pour s’en être pris à des agentes immobilières. Dans l’état actuel des investigations, ces cinq nouvelles enquêtes ne permettent donc pas de mettre en cause Dominique Pelicot. Mais sur combien d’affaires pourrait encore planer son ombre ?
Interrogée par Le Parisien, Me Florence Rault, avocate d’E.B. et de la famille Narme, estime que « les recherches ne doivent pas se limiter aux seuls cold cases répertoriés ». « Beaucoup de victimes de tentative de viol ne portent pas plainte. Un prédateur n’attend pas la retraite pour le devenir et ne prend pas une pause aussi longue », souligne-t-elle.
Au contraire, Me Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot, considère ces investigations comme un moyen de « noircir un peu plus le personnage de Dominique Pelicot ».