Edit du 30/09/2024: L’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec est bel et bien renvoyé devant une cour criminelle pour viols et agressions sexuelles, a annoncé lundi le procureur de Lorient, Stéphane Kellenberger

C’est peut-être la plus grande affaire de pédocriminalité que la France a jamais connue. Par le nombre de victimes d’abord : plus de 300 enfants auraient été victimes des agissements de celui que l’on surnomme « le chirurgien violeur ». Par la zone géographique aussi : au fil de sa carrière, Joël Le Scouarnec a régulièrement bougé et changé d’établissement. Ses victimes sont donc dispersées dans le Morbihan, en Indre-et-Loire, dans le Finistère et en Charente-Maritime. Au total, 293 familles sont concernées par ce procès. Mais l’homme a fait plus de victimes, certains dossiers ayant dû être écartés en raison de la prescription. Achevée en juillet, l’instruction de ce dossier de plus de 750 pages sera bientôt jugée devant la cour criminelle départementale du Morbihan, à Vannes.

D’après le procureur général près la cour d’appel de Rennes, dont dépend la cour de Vannes, le procès de Joël Le Scouarnec devrait se tenir en 2025 devant la cour criminelle du Morbihan. « C’est une affaire d’une ampleur exceptionnelle, qui va nous demander beaucoup de travail et d’organisation en amont. L’ordonnance du juge d’instruction devrait être connue dans les jours qui viennent, s’il n’y a pas de recours », a fait savoir le magistrat, qui a « bon espoir » de pouvoir organiser ce procès au premier semestre 2025. Pour quelle durée ? « Difficile à dire. Sans doute trois à quatre mois », répond le secrétaire général de la cour. A titre de comparaison, le procès des viols de Mazan, qui se tient devant la cour criminelle d’Avignon devrait nécessiter 69 jours d’audience pour juger Dominique Pelicot et ses 49 coaccusés.

Déjà condamné à quinze ans de réclusion criminelle

La différence avec l’affaire Le Scouarnec, c’est qu’il n’y aura qu’un homme dans le box des accusés. Joël Le Scouarnec, 72 ans, a déjà été condamné par la cour d’assises de Charente-Maritime à quinze ans de réclusion criminelle pour des atteintes sexuelles sur une de ses nièces et une jeune patiente dans les années 1990, ainsi que des viols sur une autre nièce, à la même période, et sur sa voisine de six ans. Le septuagénaire avait fait appel de cette condamnation. C’est grâce à la plainte de l’une d’entre elles que le scandale avait éclaté. En 2017, une fillette alors âgée de 6 ans avait dénoncé les faits d’un homme qui se décrit comme un « exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste, pédophile ». Avant d’ajouter : « Et j’en suis très heureux. »

Ces mots, les enquêteurs les avaient découverts dans des écrits glaçants retrouvés chez le chirurgien. Des petits carnets où le médecin compilait ses atrocités commises entre 1984 et 2006, listant ses victimes en deux catégories : « vulvettes » pour les filles et « quéquettes » pour les garçons. Profitant du fait que les enfants soient seuls ou endormis, le médecin a multiplié les sévices. « Il s’interdit toute pénétration avec son sexe », avaient noté les enquêteurs.