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Les proches de Steve Maia Caniço abattus après la relaxe du commissaire

Mort de Steve Maia Caniço : « On a fait notre max »… Les proches de Steve abattus après la relaxe du commissaire

long combatLe jeune animateur périscolaire était mort noyé après être tombé dans la Loire le soir de la Fête de la musique 2019 à Nantes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Le commissaire Grégoire Chassaing a été relaxé des faits d’homicide involontaire concernant la mort de Steve Maia Caniço en 2019 à Nantes.
  • Les proches du jeune animateur tentent depuis cinq ans d’obtenir la condamnation de l’homme qui était à la tête des forces de l’ordre cette nuit de la Fête de la musique.
  • Seul le parquet a la capacité de faire appel de la relaxe du commissaire de police, toujours en poste et promu à Lyon.

La salle d’audience du tribunal correctionnel de Rennes était pleine ce vendredi 20 septembre pour entendre le délibéré. Consciente de la pression importante qui entourait le procès du commissaire Grégoire Chassaing, la présidente a choisi de détailler pendant près de trente minutes les raisons qui ont poussé sa juridiction à prononcer la relaxe du policier. A l’énoncé de la décision de la justice, des larmes ont coulé. Des larmes de joie dans le camp du commissaire. Des larmes de tristesse et de colère sur les joues des amis de Steve Maia Caniço.

En juin 2019, l’officier Chassaing était à la tête du commandement le soir de la Fête de la musique à Nantes. Sur le quai Wilson où une dizaine de sound-system étaient installés, il avait pour mission de couper la musique à 4 heures du matin. Le commissaire Chassaing était alors passé à chaque sound-system pour demander leur extinction. Deux DJ avaient pourtant décidé de remettre la musique, provoquant une hausse soudaine de la tension.

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Les forces de l’ordre avaient décidé de se replier, essuyant des jets de projectiles de la part de quelques teufeurs. Plusieurs policiers avaient répliqué avec des gaz lacrymogènes, rendant l’air des quais irrespirable. Au moins cinq personnes étaient tombées dans la Loire à ce moment précis. Seule une n’était pas remontée. Il avait fallu plusieurs semaines pour retrouver le corps de Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans qui participait à la soirée.

« On s’était préparés à ça »

Après le drame, sa famille et ses amis avaient fondé d’importants espoirs dans la mise en examen pour homicide involontaire du policier qui commandait les forces de l’ordre cette nuit-là. Cinq ans après cette triste fête, la relaxe du commissaire a douché le peu d’espoir qu’il leur restait. « On s’était préparés à ça depuis un moment. On savait très bien ce que ça allait donner. Il n’y a pas beaucoup de monde dans lequel on gagne, nous, le bas peuple », réagissait Alaskah, une amie de Steve à la sortie du tribunal.

Même sentiment d’amertume dans la bouche de Karow. « Ce n’est pas très étonnant. Pourtant on était prévenus, on avait mis les parachutes mais on tombe de très haut. Au pays des droits de l'homme, il n’y a que des droits pour les forces de l’ordre, et l’homme peut aller voir un peu ailleurs si la justice y est. »

Un portrait de Steve Maia Caniço avait été peint sur un mur de Nantes, où le jeune était décédé en 2019 en marge de la Fête de la musique.
Un portrait de Steve Maia Caniço avait été peint sur un mur de Nantes, où le jeune était décédé en 2019 en marge de la Fête de la musique. - L. Venance

Pendant les cinq jours du procès qui s’était déroulé en juin, les avocats des parties civiles avaient tenté d’apporter les preuves de la responsabilité du commissaire, estimant que le recours aux gaz lacrymogènes avait été « disproportionné ». « Le caractère disproportionné de l’usage des gaz n’est pas manifeste. Les deux salves ont été brèves et très rapprochées. Nous avons conclu que vous ne pouviez pas les empêcher », a pourtant déclaré la présidente Marianne Gil dans un long délibéré justifiant la relaxe. Soutenu par sa hiérarchie, l’officier est désormais en poste à Lyon.

Les derniers espoirs des proches et de la famille de Steve sont désormais entre les mains du parquet, le seul qui puisse faire appel de la relaxe du commissaire.

Abattus, ses amis gardent le sentiment du devoir accompli, malgré la déception. « On a fait notre max. On est conscients que notre combat n’a pas été vain et qu’on n’a pas rien fait. On a fait cinq ans acharnés. On n’a pas obtenu justice. Mais on a rendu hommage à notre pote et on le rendra encore et encore », estime Karow. « On a été jusqu’au bout. Toute la famille de Steve aussi. C’est un combat qui a été mené. A bien ou à mal mais il a été mené. Et il se finit sans mot », embraye son amie Alaskah. Avec quel sentiment ? « L’injustice », répond-elle émue aux larmes. Le parquet a dix jours pour faire appel.