Passer au contenu principalPasser à l'en-têtePasser au pied de page
Des SMS attestent de l’implication de Darmanin dans le transfert de Neymar

Transfert de Neymar au PSG : « Ça avance »… Des SMS attestent de l’implication directe de Gérald Darmanin

enquêteRévélés par Mediapart, des messages découverts par les policiers confirment que Gérald Darmanin a œuvré pour obtenir des avantages fiscaux au PSG
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • La justice s’intéresse toujours de près au transfert de Neymar au PSG. Une information judiciaire pour trafic d’influence a été ouverte en février dernier.
  • Dans cette affaire, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, est soupçonné d’avoir aidé le club de la capitale à ne pas payer de taxes supplémentaires sur le transfert de l’attaquant brésilien.
  • Les enquêteurs ont découvert une série de SMS échangés avec l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Hugues Renson, confirmant son implication personnelle dans ce dossier.

«Tout s’est fait dans le cadre des lois fiscales de la République. » Le 29 mars 2018, Gérald Darmanin est invité sur BFM TV. Alors ministre de l’Action et des Comptes publics, il est interrogé sur les révélations du livre « PSG, les dessous d’une révolution ». Selon le collectif Paris United, il serait intervenu pour faciliter le transfert de Neymar au PSG.

« Il n’y a eu aucune espèce de faveur fiscale, comme si on pouvait imaginer qu’il y aurait eu une adaptation avec les lois de la République. Il y a des lois fiscales et sociales, et M. Neymar paye ce qu’il doit payer », répondait-il à Ruth Elkrief, l’air amusé par la question. « Il vaut mieux que M. Neymar paye ses impôts en France plutôt qu’il aille jouer ailleurs dans un autre pays. »

Malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur démissionnaire, la justice s’intéresse toujours de près au transfert de la star brésilienne, et une information judiciaire pour trafic d’influence ouverte en février. Comme l’ont révélé plusieurs médias - Mediapart, Le Monde ou L’Equipe –, le rôle joué par le ministre de l’Intérieur démissionnaire semble avoir été déterminant dans ce dossier pour éviter au club parisien de payer des dizaines de millions d’euros de taxes.

Hugues Renson, l’intermédiaire

Dans cette affaire, l’ancien député LREM de Paris, Hugues Renson, a joué un rôle central. Ancien vice-président de l’Assemblée nationale de 2017 à 2022, il a été mis en examen le 5 septembre dernier, pour trafic d’influence par une personne investie d’un mandat électif public, dans un autre volet de ce dossier : l’ancien élu, aujourd’hui secrétaire général de la branche hydroélectrique d’EDF, est soupçonné d’avoir usé de son influence pour rendre des services au PSG, dont il est supporteur, en échange de places VIP pour lui et sa famille. Il a été placé sous contrôle judiciaire.

Lors d’une perquisition, le 25 janvier dernier, les enquêteurs de la police judiciaire ont saisi le téléphone portable d’Hugues Renson. L’exploitation de l’appareil a révélé comment, sur demande du directeur de la communication du club, Jean-Martial Ribes, il a mis la pression à Gérald Darmanin pour que le PSG puisse négocier avec Bercy.

Pour faire venir à Paris l’attaquant Brésilien, le club de la capitale doit en effet payer sa clause libératoire, une coquette somme de 222 millions d’euros. Pour ses dirigeants, hors de question de verser, en plus, des dizaines, voire des centaines, de millions d’euros d’impôts et de cotisations réclamés par le Fisc et l’Urssaf sur ce transfert.

« Du nouveau, monsieur le ministre ? »

Jean-Martial Ribes contacte alors Hugues Renson, cet élu fan du PSG. Charge à lui de faire l’intermédiaire avec le ministre de l’Action et des Comptes publics. Dans son téléphone, les enquêteurs ont découvert plusieurs SMS échangés avec Gérald Darmanin. Le 25 juillet, il lui demande d’organiser une rencontre avec les dirigeants du club. « Il y a échange avec le ''dircab'' en ce moment », lui répond le ministre.

Un peu plus tard, dans la journée, il lui confirme que le directeur général du PSG, Jean-Claude Blanc, « sera recu ce soir par mon dircab », Jérôme Fournel. Ce dernier, qui vient d’être nommé directeur de cabinet du nouveau premier ministre, Michel Barnier, avait auparavant rédigé une note contenant une série de conseils permettant au club d’échapper aux cotisations sociales sur ce transfert.

« Du nouveau, monsieur le ministre ? » Le soir même, Hugues Renson relance Gérald Darmanin. « Ça avance… », lui répond le ministre le lendemain. Un peu plus tard, le PSG est soulagé après avoir reçu deux « rescrits » fiscaux adressés par le fisc et l’Urssaf d’Île-de-France. Le club n’aura ni impôt, ni cotisations sociales à payer. « Ça se termine », écrit Gérald Darmanin au vice-président de l’Assemblée nationale. Neymar pourra rejoindre le PSG sans plomber les finances du club.

Des perquisitions à Bercy

La justice tente de savoir si l’ancien député LREM de Paris a été rétribué pour son rôle d’intermédiaire. Il a, en tout cas, tenu à remercier Jean-Martial Ribes, en août 2017, qui lui a permis d’avoir des places au Parc des Princes. Ses deux fils ont même eu le privilège d’accompagner les joueurs sur le terrain. « C’est top ! » A ce stade de l’enquête, seul Jean-Martial Ribes, qui a quitté le PSG en 2022, a été mis en examen dans ce volet de l’affaire. Devant les policiers, il a estimé n’avoir commis aucune irrégularité.

Le magistrat instructeur, chargé du dossier, tente aussi de déterminer si cette intervention de Gérald Darmanin et de son ancien directeur de cabinet peut être qualifiée de trafic d’influence. Les policiers ont, en janvier dernier, mené des perquisitions au ministère de l’Economie et des Finances, notamment dans le bureau qu’occupait Jérôme Fournel à l’époque.