AssisesJugée pour avoir tué et mis le cadavre d’un jeune homme dans son placard

Haute-Saône : Jugée pour avoir tué et mis le cadavre d’un jeune homme dans son placard

AssisesUne femme de 20 ans est jugée à partir de ce mardi par les assises de Haute-Saône pour le meurtre en 2021 de Théo Decouchant. Le jeune homme avait été retrouvé dans son placard
Le palais de justice de Vesoul.
Le palais de justice de Vesoul. - Sébastien Bozon
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Un meurtre à faire froid dans le dos. En décembre 2021, un jeune homme de 23 ans avait été découvert mort dans le placard d’un appartement d’Oiselay-et-Grachaux, une petite commune de Haute-Saône située entre Vesoul et Besançon. Théo Decouchant, 23 ans, était emballé dans des sacs-poubelle.

Quelques jours plus tôt, il avait rencontré en discothèque Camille Anguenot, 18 ans à l’époque, qui l’avait ensuite invité à venir chez elle. Lieu dont il n’est jamais reparti.

La jeune femme, désormais âgée de 20 ans, sera jugée à partir de ce mardi à Vesoul par les assises de Haute-Saône pour ce meurtre. L’accusée a reconnu avec « un extrême détachement », selon les enquêteurs, avoir tué ce jeune homme de 23 ans décrit comme « timide », « attentionné » et « introverti, peu à l’aise avec les femmes », qu’elle considérait comme son « pigeon ». Elle encourt trente ans de réclusion criminelle pour « homicide volontaire, vol et escroquerie ». Le verdict est attendu vendredi.

Elle avait partagé sur Facebook l’avis de recherche du garçon

Inquiète de ne plus avoir de ses nouvelles, la mère du jeune homme avait signalé sa disparition. Sa sœur avait même échangé avec Camille Anguenot et celle-ci avait affirmé qu’il était reparti le lendemain « pour aller au travail ». Elle avait aussi partagé sur Facebook l’avis de recherche du garçon.

Mais quelques jours plus tard, les enquêteurs avaient retrouvé son corps dans l’appartement de la jeune femme. Le cadavre était dissimulé dans un placard du séjour, emballé dans de grands sacs-poubelle fermés au ruban adhésif, les mains croisées dans le dos.

L’accusée avait reconnu immédiatement avoir tué Théo. Elle explique qu’il l’avait caressée durant la nuit et qu’elle lui a asséné un coup de poing, agacée par son insistance.

« Affolée », selon sa version, elle a ensuite saisi un couteau pour le poignarder à l’abdomen, avant d’aller chercher la ceinture d’une robe dans sa chambre pour le tuer en l’étranglant.

Par la suite, Camille Anguenot avait utilisé la carte bancaire de sa victime pendant plusieurs jours et sa voiture pour, entre autres, se rendre à un bal, puis rejoindre à Bordeaux un nouveau petit ami. Alors même qu’elle n’avait pas le permis de conduire…

En garde à vue, elle a admis qu’elle considérait Théo Decouchant comme son « pigeon ». Elle a aussi confié qu’elle avait l’habitude d’utiliser les garçons pour obtenir de l’argent ou se déplacer.

« Tout converge vers l’assassinat »

L’avocat de la famille de la victime, Christophe Bernard, regrette que la préméditation n’ait pas été retenue. « Tout converge vers l’assassinat : elle a une envie farouche d’avoir une voiture, que plusieurs lui refusent, pour aller rejoindre un nouveau copain et elle montre une grande organisation pour cacher qu’elle a tué Théo ». « La famille attend la vérité, mais je pense que nous ne l’aurons pas car Camille Anguenot, avec sa perversité, ment à tout le monde », souligne-t-il.

Les enquêteurs de la police judiciaire ont été surpris par « l’extrême détachement qu’a montré cette jeune femme de tout juste 18 ans par rapport aux faits et notamment sa capacité à continuer à vivre normalement ».

Deux expertises psychiatriques s’opposent dans le dossier : l’une décèle une « personnalité caractérielle » mais sans altération du discernement lors du passage à l’acte, alors que l’autre décrit des « traits psychopathiques » qui ont pu générer une « altération de son discernement ».

Après trois ans de détention, « elle a mûri », relève son avocate Catherine Bresson. « Il y a eu une réelle évolution de sa part et une prise de conscience, tant sur sa propre personnalité à l’époque des faits que sur leur gravité », confie-t-elle.