Affaire Fortin : Le « tueur de DRH » de retour devant les assises
équipée sanglante•L’homme, qui n’avait pas exprimé le moindre remord après son triple meurtre, avait écopé de la perpétuité20 Minutes avec AFP
Sitôt condamné, il avait fait appel. Gabriel Fortin, l’énigmatique ingénieur au chômage qui avait tué trois personnes lors d’une équipée sanglante en janvier 2021, est rejugé à partir de lundi à Grenoble. Assisté de nouveaux avocats qui n’ont pas souhaité s’exprimer avant le procès, il doit comparaître du 13 au 29 mai devant la cour d’assises d’appel de l’Isère, spécialement aménagée pour l’occasion.
Gabriel Fortin, aujourd’hui âgé de 49 ans et incarcéré au centre de détention de Valence, avait été condamné en juin 2023 à la prison à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté maximum de 22 ans. Si les jurés avaient retenu que des troubles psychiques avaient altéré son discernement au moment des faits, aucune diminution de peine n’avait été appliquée.
Ni explications ni remords
Il n’avait pas livré d’explication ni fait preuve de remords tout au long des douze jours d’audience au tribunal de Valence. Hermétique, voire glacial, il s’était posé en victime, dénonçant des « atteintes personnelles » et une enquête à charge et affichant sa défiance envers la police et la justice.
Tous les efforts des magistrats, des avocats et même de sa propre famille pour le pousser à expliquer son geste s’étaient heurtés à un mur : « Je n’ai rien à dire », répétait-il.
Echecs professionnels en série
L’une des clefs semble résider dans ses échecs professionnels. Trois de ses victimes avaient été associées à ses licenciements et la quatrième travaillait dans une agence Pôle emploi de Valence qu’il avait fréquentée. C’est là qu’il se rend le 28 janvier 2021 et abat une conseillère, Patricia Pasquion, 54 ans. Il traverse ensuite le Rhône pour se rendre dans une entreprise voisine, à Guilherand-Granges (Ardèche) pour tuer Géraldine Caclin, 51 ans, directrice des ressources humaines.
Après une arrestation mouvementée, menée par des policiers qui percutent son véhicule alors qu’il circule à contresens sur un pont, le lien s’établit rapidement avec un autre meurtre et une agression armée survenus deux jours plus tôt dans le Haut-Rhin. Estelle Luce, encore une DRH, a été tuée par balle sur le parking de son entreprise. Bertrand M., également dans les ressources humaines, échappe quant à lui de peu à une agression armée à son domicile.
D’autres victimes prévues ?
La longueur du parcours meurtrier de Fortin (1.765 kilomètres en trois jours) et les milliers de fichiers retrouvés sur son ordinateur ont suscité de nouvelles questions. Les enquêteurs ont jugé particulièrement inquiétant son passage à proximité de plusieurs autres « victimes potentielles », deux anciens avocats et un ancien flirt adolescent. Là encore, Fortin est resté coi.
Pour les familles des victimes, qui vont subir l’épreuve d’un second procès moins d’un an après leur première confrontation, il semble peu probable qu’il renonce en appel à cette attitude rigide. L’homme est « totalement enkysté » dans un « mode de fonctionnement paranoïaque », estime Me Denis Dreyfus, qui défend la famille de Patricia Pasquion, la conseillère à Pôle emploi.
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