L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke est mort
DISPARITION•Le magistrat était notamment connu pour avoir instruit les affaires Elf et Kerviel20 Minutes avec AFP
Les Français avaient appris à connaître sa moustache au fil des affaires judiciaires. L’ancien juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, connu pour avoir notamment instruit les affaires Elf, Kerviel ou encore Cahuzac, est décédé à l’âge de 71 ans, a annoncé vendredi Eric Dupond-Moretti.
« Le juge Renaud Van Ruymbeke nous a quittés. La France perd un grand magistrat et la Justice un immense serviteur. J’adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches », a écrit le garde des Sceaux sur X (ex-Twitter). « Il incarnait l’image du juge d’instruction indépendant et courageux, et laissera une empreinte indélébile dans l’histoire judiciaire de notre pays », a réagi de son côté Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation.
Spécialiste des affaires financières
A la retraite depuis 2019, ce grand amateur de football, par ailleurs pianiste émérite, a été un des juges emblématiques de la lutte contre la corruption en France et a instruit certaines des affaires politico-financières les plus sensibles des dernières décennies.
Parmi ses instructions figurent notamment l’affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste, des enquêtes sur Jérôme Cahuzac et les époux Balkany, ou encore la complexe affaire des frégates de Taïwan. En 2008, il avait aussi mené l’enquête sur les fraudes géantes du trader de la Société générale Jérôme Kerviel.
Il avait publié en 2021 ses mémoires, dans lesquelles il revenait sur les nombreuses pressions qu’il avait subies pendant sa carrière. « Lorsque je décide de perquisitionner le Parti socialiste [en 1992, dans le cadre de l’affaire Urba], je sais que cela va être difficile, que c’est un saut dans l’inconnu. L’irruption d’un juge dans le domaine de la politique, c’est un pas difficile à franchir. Mais à aucun moment, il n’est question de renoncer. C’est un principe intangible. Sinon, je ne peux plus me regarder dans une glace. »
Contre les paradis fiscaux
L’année suivante, il écrivait Offshore (Les liens qui libèrent) où il alertait l’opinion sur les conséquences dramatiques des paradis fiscaux, sans pour autant céder au pessimisme. « Je pense qu’un jour, les choses bougeront. Regardez comme la jeunesse est concernée, militante pour le climat, avec une vision internationale. Cela sera de même pour les paradis fiscaux. Le monde change vite (…). La cause n’est pas perdue. »