enquêteLa juge d’Agen arrêtée est-elle victime d’une « opération de destruction » ?

Agen : Les avocats de la magistrate en garde à vue dénoncent « une opération de destruction »

enquêteL’enquête porte notamment sur les liens suspectés d’Hélène Gerhards, en poste en Corse entre 2010 et 2016, avec un membre présumé du banditisme, Johann Carta. Sa défense évoque « un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature »
Les avocats de la magistrate s'interrogent sur  « un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature ».
Les avocats de la magistrate s'interrogent sur « un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature ». - G . V.
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

La défense de la magistrate en garde à vue depuis mercredi dans une enquête portant notamment sur ses liens supposés avec un membre présumé du banditisme corse ne mâche pas ses mots. Me Caty Richard et Me Yann Le Bras, les avocats de la magistrate Hélène Gerhards, magistrate à la cour d’appel d’Agen (Lot-et-Garonne), s’interrogent « sur un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature, notre cliente étant victime d’une opération de destruction dans laquelle l’autorité judiciaire se permet tous les coups », ont-ils indiqué ce jeudi dans un communiqué.

Un conflit d’intérêts ?

Critiquant des méthodes « aussi légalement injustifiées qu’inutilement violentes », les avocats regrettent aussi « des fuites » d’informations dans les médias, « mettant étrangement en exergue son lien avec l’actuel garde des Sceaux », Éric Dupond-Moretti. « Cette enquête semble initiée » par « un ancien supérieur hiérarchique » de la magistrate, avancent-ils, évoquant un possible « conflit d’intérêts ».

Hélène Gerhards est en garde à vue depuis mercredi dans le cadre d’une enquête préliminaire suivie par le parquet de Nice depuis janvier 2021, « ouverte des chefs de recours en bande organisée au service de personnes exerçant un travail dissimulé, blanchiment, trafic d’influence actif et passif », a indiqué Damien Martinelli, procureur de Nice.

Elle est entendue « également pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique et usage de ces faux ainsi que détournement de fonds publics », a-t-il ajouté, en précisant qu’il s’agissait d’une garde à vue de 24 heures reconductible 24 heures.

Des liens avec le milieu du banditisme corse ?

Cette enquête est une incidente d’une information judiciaire de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille sur la bande criminelle corse du Petit Bar. Elle porte notamment sur les liens suspectés de cette magistrate, en poste en Corse entre 2010 et 2016, avec un membre présumé du banditisme insulaire, Johann Carta, autour des travaux et de la location d’une villa de la juge à Pietrosella, sur le Golfe d’Ajaccio, désormais vendue, ont indiqué des sources judiciaires et proches du dossier.

Johann Carta a été mis en examen et écroué dans plusieurs enquêtes, notamment en décembre 2023 dans une enquête ouverte pour « escroquerie, extorsion de fonds et blanchiment d’argent en bande organisée » par la JIRS de Marseille.

La juge Gerhards a confirmé à Mediapart avoir vu « cinq ou six fois » Johann Carta, sans savoir de qui il s’agissait, avant de « paniquer » en comprenant qui il était « en 2022 ».