Le « Madoff du Maine-et-Loire », trader autodidacte, condamné pour avoir escroqué des dizaines d’investisseurs
procès•Guillain Méjane, 41 ans, a été condamné pour « escroquerie, fourniture illégale de services d’investissement et blanchiment de fraude fiscale ». Le tribunal a souligné un « certain cynisme » du prévenu20 Minutes avec AFP
Deux ans de prison ferme pour avoir escroqué des dizaines d’investisseurs. Guillain Méjane, trader autodidacte surnommé par la presse le « Madoff du Maine-et-Loire », a été condamné ce jeudi à Paris dans une affaire mêlant trading sur le marché international, millions d’euros perdus et fonds prétendument ultra-lucratif à Hong Kong.
L’homme de 41 ans a été condamné pour « escroquerie, fourniture illégale de services d’investissement et blanchiment de fraude fiscale », le tribunal précisant que la partie ferme de sa peine serait aménagée. Guillain Méjane n’ira donc pas en prison. Le prévenu a également été condamné à dix ans d’interdiction de gérer une société et d’exercer une profession liée à la finance. Sa maison dans le Maine-et-Loire a été confisquée, comme le prix de vente d’une Ferrari acquise avec les fonds de NFT. Présent jeudi, il ne s’est pas exprimé devant la presse.
1,6 million d’euros utilisés en dépenses personnelles
Avec son ami d’enfance et associé, la quadra a convaincu entre 2012 et 2014 des investisseurs de l’Anjou, dans leur entourage puis par bouche-à-oreille, de placer près de 16 millions d’euros dans la société Now For Tomorrow (NFT), immatriculée à Hong Kong. Alors qu’ils vantaient des rendements prodigieux grâce au trading sur le marché international Forex, 10,6 millions d’euros ont été perdus sur les marchés financiers selon l’enquête. Elle a chiffré à 1,6 million d’euros le montant utilisé en dépenses personnelles par Guillain Méjane, le reste ayant d’autres destinations.
Lors de son procès en janvier, le prévenu avait présenté ses excuses et reconnu une partie des faits reprochés, mais contesté toute escroquerie. Après un « travail de digestion » du jugement, il y aura un « travail de réflexion » concernant un éventuel appel, a déclaré son avocat Me Pierre-Henri Baert.
Un « certain cynisme » du prévenu
Dans son délibéré, la présidente a souligné la « gravité des faits », liée au « nombre de victimes, au montant du préjudice », mais aussi à un « certain cynisme » du prévenu « qui manifestement a fait le choix délibéré d’exercer cette activité très risquée (…) sans aucun agrément, sans compétence et en se plaçant volontairement en dehors de toute surveillance ». Elle a aussi relevé la « singularité » de cette affaire, du fait de la « personnalité » de Guillain Méjane, né privé de jambes et d’un bras, qui « comme ses avocats l’ont souligné, a sans doute fait de son handicap une force, dont toutes les victimes ont souligné le charisme particulier ».
Le tribunal a considéré que le prévenu avait bien usé de « manœuvres frauduleuses », tant dans la plaquette commerciale de NFT que dans les bulletins hebdomadaires envoyés aux clients, qui ont « mis en confiance » de nouveaux investisseurs.
Relaxé des poursuites pour complicité d’escroquerie
Une soixantaine d’investisseurs s’étaient constitués partie civile, comme l’Etat, et avaient demandé environ six millions d’euros. Au final, une partie s’est désistée et 41 ont obtenu une indemnisation, mais à 40 % de leur préjudice, les magistrats jugeant qu’ils avaient commis une « négligence fautive », en substance qu’ils avaient signé trop légèrement les contrats de NFT. Le montant total s'élève ainsi à 1,26 million d’euros en dommages-intérêts et frais d’avocats.
L’ex-associé de Guillain Méjane, Gaëtan O., a lui été relaxé des poursuites pour complicité d’escroquerie, la juridiction considérant qu’il n’était pas au courant des pertes de NFT. Il a néanmoins été condamné à deux ans de prison avec sursis probatoire et 50.000 euros d’amende pour les deux autres mêmes infractions.